Saverio Costanzo nous propose une vision intéressante sur la démarche de ces hommes qui remettent leur vie à dieu. Ce n’est ni un documentaire, ni une fiction reprenant tous les poncifs habituels. Simplement une approche de quelques hommes par une introspection filmée presque en live autour d’Andréa, le novice arrivant.
Il se penche sur ses propres motivations et très vite les confronte à celles des autres. Le cheminement spirituel, comme intellectuel passe par un lieu unique, le large corridor qui mène aux chambres et dont la lumière va évoluer au gré des humeurs vécues teintées d’espoir, de trahison, de renoncement. Ce monastère posé sur une petite île au milieu du monde (des vivants ?) renforce cette impression d’un univers mêlé de sérénité et de souffrance. De cette quête spirituelle, tous n’aboutiront pas.
On pourrait penser que « In memoria di me » soit austère, statique, offrant peu de dialogues puisque reposant sur une dimension d’action calquée sur le cheminement de la pensée d’Andréa. Il n’en est rien. Une vraie force cinématographique se dégage et pousse le spectateur à devenir acteur, témoin à son tour. Il assiste à tout, il est constamment sollicité par ce qu’il voit.
Ce film sur l’intériorité, où l’homme n’est plus qu’une ombre au service de sa foi, intelligemment mis en image, représente un vrai défi narratif dont Costanzo se sort avec brio. Une curiosité à découvrir autant qu’une invitation à la réflexion. Saisissant.