Quelque chose dysfonctionne dans la vie d’Armin (Hans Löw) : journaliste reporter, il fait tourner sa caméra à contre-courant, précisément entre les interviews qu’il souhaitait enregistrer, d’où un reportage inutilisable ; la charmante jeune femme qu’il avait réussi à emmener pour la nuit dans son modeste studio le laisse soudainement en plan ; sa grand-mère se meurt, cependant son agonie peut se dérouler chez elle, grâce à la tendresse de son fils, père d’Armin, qui a réussi, par sa présence constante et les soins prodigués à domicile, à préserver sa mère d’une mort à l’hôpital. Au lendemain du jour où la vieille dame a rendu son dernier souffle, Armin se réveille dans une ville désertée, d’où toute trace de vie humaine semble avoir été effacée. L’unique corps visible reste celui de sa grand-mère, mais l’effacement généralisé qui l’entoure n’a pas pour autant concentré en elle la moindre étincelle d’existence...


À ce tournant du scénario, on ne sait si le quatrième long-métrage d’Ulrich Köhler va se poser en film psychologique - voire fantastique, à la manière de « Vengeance à quatre mains » (2017), de Oliver Kienle, également présenté à cette vingt-troisième session du Festival de Cinéma Allemand, à Paris - sur le deuil et ses effets, ou en film post-apocalyptique, à la manière de nombreuses œuvres sorties sur nos écrans ces dernières années.


C’est la seconde option qui est choisie, sans que la première soit radicalement évincée, mais la suite du scénario ne fera toutefois plus référence à ce deuil initial et abrasif. Après un premier temps à la dérive, on verra Armin, le corps musclé et aminci, organiser de plus en plus efficacement sa survie solitaire, puis centrer celle-ci dans une maison où il semble bien décidé à implanter sa nouvelle existence, servie par des ressources naturelles et quelques animaux, sur un mode très écologique. La survenue d’une autre, et très charmante, survivante (Elena Radoninich) parviendra-t-elle à détourner Armin de cette survie repliée sur lui-même et sur son nouveau lieu ? Ou préfèrera-t-il rester « in my room » ?...


On se retrouve un peu désorienté, à l’issue de ce film qui semble changer de cap au premier quart de son déroulement, mais il est certain que l’interprétation très sensible et grave de Hans Löw, ainsi porté aux limites de ce qu’un être humain peut endurer, ne peut manquer de toucher, voire de marquer les esprits.

AnneSchneider
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le 14 oct. 2018

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Anne Schneider

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