Vu à sa sortie en 2000 : je n'avais rien compris. J'étais parti sur la présentation qui en était couramment faite à l'époque par la presse, d'un film romantique, sensuel et esthétique.
C'est en fait une œuvre plutôt expérimentale sur l'essence du temps.
Alors effectivement, il est assez malin pour séduire avec une esthétique plutôt novatrice en 2000, une sorte de réalisme chic comme on dirait porno chic. Il y a une description sensible de la société d'un petit immeuble de rapport à Hong Kong dans les années soixante. Et les image léchées, filmées au ralenti sur des musiques nostalgiques. Peut-être à hauteur d'enfant : souvent les visages sont hors champ, les plans se concentrant sur les bras et les hanches des personnages.
C'est dans cette nostalgie que se révèle le thème central du film : la volonté de revivre un passé disparu à jamais. Et de le revivre en boucle. En changeant à chaque fois seulement quelques détails, dont les tenues de Maggie Cheung, sublime.
Autre indice tenace : l'énorme horloge Siemens en gros plan qui introduit à plusieurs reprises les scènes. Wong Kar-Waï ne pourrait pas être plus clair. Le temps est l'obsession de son film et probablement de son œuvre.