Comme le rappelait un des organisateurs du PIFFF lors de la séance de In Their Skin, le sous genre du home invasion (des mecs débarquant dans une baraque pour en torturer les habitants) est un sous genre qui peut facilement avoir un discours un peu limite. Pas de bol, le film présenté n’échappe pas à la règle. Jeremy Power Regimbal, dont c’est le premier essai de long métrage, choisit d’aborder pourtant son sujet sous un angle original. La petite famille Hughes (le père, la mère et leur jeune gamin) se relève difficilement de la mort de la fille cadette. Prenant quelques jours de vacances à la campagne, leurs nouveaux voisins viennent leur rendre visite, voisins qui s’avèrent très rapidement envahissants.
La première partir du film est assez déconcertante. Le réalisateur, au lieu de faire monter la tension par une violence en sourdine qui finirait par éclater, prend le parti de l’humour noir. Car de ces voisins ayant une cellule familiale similaire à ceux des Hughes, on comprend vite qu’un truc cloche. Ils évitent les questions, mentent ouvertement pour finir par agir avec un mimétisme forcé. On sourit parfois, mais l’introduction s’éternise et l’excès de situations grotesques n’aide pas à l’immersion.
Aucun mystère donc sur la volonté de ces chers voisins de piquer la place de cette famille idéalisée, qui révèlent enfin au bout d’une heure qu’ils utiliseront de grands coups de carabine si nécessaire. On se retrouve alors face à des séquences très classiques de chantage affectif, de pseudo explications psychologiques et de démonstrations pachydermiques sur la similitude entre les deux familles. A aucun moment on ne sent un tant soit peu mal à l’aise face à cette situation horrifique, si ce n’est lors de la gratuité de la scène de viol. Aucun élément du scénario ne vient la justifier, et on se dit que Power Regimbal devait avoir simplement envie que le spectateur se rince l’œil sur la plastique de Selma Blair. Selma Blair dont on se demande ce qu’elle vient foutre là-dedans, tout comme le reste du casting qui fait ce qu’il peut pour sauver un tant soit peu In Their Skin, sans succès.
Pour clore l’ensemble, le réalisateur nous gratifie d’une fin bâclée en 10 minutes, avec en cadeau une dernière scène qui ressemble sacrément à une ode au conservatisme américain. Inutile dans la forme, puant dans le fond, In Their Skin est en tout cas un film hautement dispensable.