J'ai découvert Kenneth Anger au lycée : un ami avait enregistré Inauguration of the Pleasure Dome ( version Janacek ) et m'a enfourné la VHS sans préavis. Sans être un grand bouleversement sur le moment, j'ai juré de retenir son nom à jamais.
Il y avait donc un type qui, toute sa carrière, avait repoussé les limites de l'esthétisme, cherchant à émouvoir par l'image et non par le drame... Un type qui a finalement influencé tellement de cinéastes que les énumérer prendrait autant de temps que de lire l'annuaire de Tokyo !
J'ai par conséquent vu nombre de ses films, je me sers de lui dans un de mes cours de montage, Le 7e Art a une dette envers ce vieux monsieur.
Inauguration of the Pleasure Dome regroupe une quantité de ses petites obsessions : le paganisme, les processions, la préparation cérémonieuse, les psychotropes, un voyage au cœur de la psychée... autant de petites touches qui font son cinéma, ou plutôt comme il se plait à le dire, de ses tours de magie.
Œuvre de toute une vie, le film a été plusieurs fois remanié, remonté, affiné... Sa dernière version, découverte en 2015 au Max Linder Panorama, conserve la bande son d'Electric Light Orchestra, ajoutée à la fin des années 70, et voit toute sa fin remontée intégralement pour incorporer deux écrans en miroir sur les côtés, composant un triptyque à la Abel Gance, qui laisse au spectateur la sensation d'un champ de vision libéré. Hallucinant. Il n'y a pas d'images inédites, mais un collage de différents segments de la fin telle qu'on la connaissait.
Il s'agit d'une version définitive. Rendez-vous dans 15 ou 20 ans pour la prochaine !