Incantation
5.7
Incantation

Film de Kevin Ko (2022)

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Quand un film d'horreur peu souffrir d'être trop parfait

Je termine un appel avec un pote qui me recommande très vivement Incantation. Curieux, je me rends compte que les retours sur ce film sont plutôt mitigés, voire carrément mauvais, mais connaissant mon ami et ses goûts en matière de films d'horreur, je décide de lui faire confiance. Il faut dire que ces derniers temps, j'ai été agréablement surpris par l'horreur asiatique, notamment Taïwan, qui nous propose de plus en plus de films avec une mise en scène soignée. Ni une ni deux, je me lance donc dans ce found footage intriguant.


Le film suit Ronan, une mère hantée par une malédiction qu’elle a accidentellement déclenchée six ans plus tôt, et qui semble désormais peser sur sa fille, Dodo. L'intrigue alterne entre son passé, lorsqu'elle a découvert un culte interdit, et son présent, où elle tente désespérément de sauver sa fille.

Franchement, ce contexte est simple mais hyper efficace, il donne envie d’en savoir plus, et le film démarre vite en posant une ambiance mystique assez intense.

J’ai donc continué le visionnage d’une traite.


Là où Incantation se distingue, c’est dans son usage du found footage y apportant une touche très marquée par la culture taïwanaise, avec des superstitions et rituels spécifiques qui lui confèrent une identité unique.

Les moments où la caméra s'emballe ou où l'on plonge dans des rituels interdits, tout cela est habilement mis en scène. Toutefois, là où ça coince, c’est que la réalisation est trop bien faite pour un found footage. Le film est trop propre, trop soigné, et du coup, on n’y croit pas vraiment. Tout semble beaucoup trop léché pour être crédible.

Clairement, le found footage est à double tranchant et les moments de fulgurances alternes avec quelques utilisations peu crédibles.


Là où le film brille, c’est dans quelques moments de pur génie visuel. Des scènes où l’on se demande "qu’est-ce que je viens de voir ?", où la caméra se déplace dans des angles inattendus, et où les effets d’illusion d’optique sont utilisés à la perfection.

Par exemple, une scène qui m'a marqué : on ferme la porte d’un frigo, et dans la pénombre derrière, quelque chose bouge à peine, pile pendant la mise au point de l'objectif. Ce genre de subtilité, c’est du pur génie ! C'est là que je me suis dit que le réalisateur, a vraiment du talent.


En revanche, l'intrigue souffre de certains clichés. L'amie imaginaire qui devient une entité maléfique ou les personnages qui ignorent des signes évidents de danger, c’est du déjà-vu. Mais à vrai dire, ça ne m’a pas tant dérangé. Le vrai bémol, c'est la relation mère-fille, qui aurait pu être un pilier émotionnel du film, mais qui manque de profondeur. On aurait aimé ressentir plus de tension entre elles, surtout face à cette malédiction. Et pour ne rien arranger, le jeu d'acteur des enfants, lui, laisse à désirer...

On leur a probablement dit d’être "sans vie" pour faire mystérieux, mais cela casse un peu l’immersion.


Côté visuel, c’est là où le film excelle. Les décors sont très bien choisis, et que ce soit en plein jour ou dans la pénombre, chaque lieu est soigneusement travaillé pour créer une atmosphère oppressante. Les effets spéciaux sont discrets mais efficaces, avec des intégrations 3D presque imperceptibles, et tout cela renforce l’ambiance malsaine du film.

L'incantation taïwanaise intégrer à la BO du film et qui nous surprend à chacune de ces utilisations est aussi terriblement efficace. En bref, il y a un soin du détail, très appréciable.


J’ai passé un bon moment avec Incantation, malgré quelques défauts. Le found footage est à double tranchant : des moments de pur génie, mais parfois trop soigné pour qu’on y croie vraiment. C’est dommage, car ce film avait tout pour être un grand du genre. Kevin Ko prouve qu’il a un vrai talent de mise en scène, mais il manque encore une maîtrise des codes du found footage pour vraiment embarquer le spectateur. Si vous vous risquez à le regarder, vous allez passer un bon moment horrifique, si vous arrivez à passer outre que tous les personnage sembles se balader avec des caméras à 5000euros 4K full HD.

Cela dit, ça reste un bon film pour les amateurs d'horreur et une belle tentative dans le asiatique, qui n'a rien à envier aux grosses productions.

KumaCreep
7
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Créée

le 7 sept. 2024

Critique lue 5 fois

Anthony

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