M. Night Shyamalan délivre un accomplissement certain de son talent de réalisateur et de scénariste ici. « Incassable » n’est autre que l’étude humaine et morale de ce qu’est, voire de ce que doit être, un « super-héros ». En quoi est-il si singulier ? La patte du metteur en scène dans un premier temps. Il prend le temps d’induire ces détails du point de vue des protagonistes entourant le concerné, puis met définitivement en valeur cette personne extraordinaire dans un tourbillon de réflexion.


C’est donc avec plaisir que l’on garde toute notre attention sur cette merveille. Une (re)découverte du genre fantastique qui n’a pas besoin de virevolter en cascades acrobatiques, d’explosions assourdissantes ou de lignes de dialogues épuisantes. Shyamalan parvient à trouver le parfait équilibre, valorisant davantage son visuel très métaphorique sur la foi. On confond ainsi le héros perturbé dans les ténèbres et le doute qui l’habite. On adopte de longues séquences lentes mais instructives. Le décor fait office de référence par moment, car des images se répètent sans cesse. Cependant, le sens de chacune d’entre elles évoluent également, prenant plus d’ampleur. L’auteur insuffle donc la tension au fil du récit qui resserre peu à peu son étreinte mentale.


On suit alors David Dunn (Bruce Willis), une personne lambda parmi tant d’autres, au premier abord. Mais la quête identitaire est plus forte chez celui qui se frotte à la fatalité du monde sombre qui l’accompagne. Torturé par son devoir et d’autres responsabilités plus personnelles, son Être est dépassé. L’acheminement vers la noblesse couvrira des situations où l’émotion prendra le dessus sur le jugement. Moins jeu de piste pour éviter de perdre le petit poucet que nous sommes parfois, le réalisateur insiste sur la rationalité de l’homme à prétendre à un tout autre statut, tenant du religieux.


Quant à Elijah Price (Samuel L. Jackson), il s’illustre essentiellement comme l’opposé de Dunn par nature. Sa force charismatique est puisée dans sa fragilité. Il se démarque par sa passion portant à une narration malveillante. C’est pourquoi il induit le mal, habile et convaincant. D’ailleurs, la partition de James Newton Howard appuie bien cette idée et résume parfaitement le conflit avec la lumière qui peine à rester éveillée.


Loin d’être le thriller psychologique vendu par la production, le véritable reflet développe davantage l’aspect comicbook, rendant hommage au concept du divin ou simplement du surnaturel. La noirceur de l’intrigue propose des issues intéressantes sur le fait de chercher sa place dans ce monde. Et au terme de cette course passionnante contre la vision idéale du héros, on se rendra rapidement compte de la subtilité thématique abordée. Sans nul doute l’un des meilleurs films adaptant des super-héros sur grand écran, ce bijou vaut le détour d’être décortiqué tant avec les yeux qu’avec l’esprit.

Cinememories
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le 9 juin 2017

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