Déception...

Énorme machinerie au service d'un projet ambitieux, Inception marque pourtant un net recul dans l'œuvre de Christopher Nolan dont j'ai apprécié l'univers et les idées dans bon nombre de ses autres films, tels Memento, Insomnia et surtout les deux volets sur Batman, plus adéquats à ses obsessions métaphysiques. Ici, on a une œuvre froide et intellectuelle, sans cet accrochage humain nécessaire dans une telle démarche. D'autre part, le rapport entre rêve et réalité est un sujet difficile. Pour le traiter, il ne suffit pas, à mon avis, de dérouler les méandres d'un scénario certes bien structuré et agencé à la manière métonymique du labyrinthe, présent tout au long des deux heures et demie de projection. Encore faut-il y introduire la dimension majeure de l'onirisme, à savoir la poésie. Sur ce plan-là, Nolan rate son coup. Il le rate aussi sur un élément essentiel, celui du débouché sur les rapports du rêve et du cinéma par le truchement des images, pont évident entre les deux. Dans ce domaine, Méliès s'en sortait déjà mieux, sans parler de Capra (La vie est belle) ou évidement Buñuel. Pour résumer, je dirais que j'ai eu l'impression d'être en présence d'une mécanique inadaptée dont je suis sorti au bout d'une petite heure en attendant péniblement la fin, prévisible et qui n'apporte rien au propos. Signalons tout de même que les acteurs font ce qu'ils peuvent pour sauver ce qui peut l'être, en commençant par Leonardo DiCaprio qui continue à s'affirmer de film en film comme un comédien exceptionnel... Mais il suffit de comparer ses deux derniers films, le somptueux Shutter Island et celui-ci pour mesurer tout ce qui manque à cet Inception qui rime pour moi avec déception !