Dormez, mais gardez un oeil ouvert

Nolan nous propose une plongée vertigineuse dans les strates du subconscient. Est-ce gratuit?

Entre les couches de ce mille-feuilles onirique, nous distinguons les affres de la création artistique. Nous y retrouvons aussi les liens entre le scénariste, le réalisateur, les acteurs et le spectateur, une sorte d'allégorie du cinéma.
Je pense qu'il faut aussi y voir une allusion à la manipulation que le cinéma (et plus généralement les médias) exercent sur nous. Nous sommes les rêveurs et le scénariste (Nolan) nous manipule.
Tout ça pour dire qu'Hollywood fabrique nos rêves. En supposant que Nolan ait voulu exprimer autre chose que son art de nous éblouir.

Ce film est une belle démonstration de virtuosité scénaristique et a l'immense mérite de nous donner l'illusion que nous sommes tout à coup devenus intelligents, tout en nous prenant pour des cons, mais il est somme toute assez creux et je doute qu'il marque l'histoire du cinéma. Les acteurs sont mal dirigés et Ellen Page, qui fut excellente dans d'autres films, est carrément une erreur de casting.

Comme toujours, Christopher Nolan est spectaculaire et cache une certaine vacuité derrière une fausse complexité. C'est un illusionniste. Mais après tout n'est-ce pas cela, le cinéma? C'est en tout cas un retour à ses origines foraines et à Méliès.
Mais ne sommes-nous pas en droit d'attendre plus aujourd'hui? Un message? De la poésie?... et moins d'esbroufe?

"La vie et le monde sont le songe d'un Dieu ivre qui s'échappe furtivement du banquet divin et s'en va dormir sur une étoile solitaire, ignorant qu'il crée ce qu'il songe .../...
...Mais un jour, le dieu se réveillera en frottant ses yeux bouffis, il sourira et notre monde s'enfoncera dans le néant sans avoir jamais existé..."
Heinrich Heine