Cet épisode semble vouloir oublier "Le Temple maudit" et renouer avec toutes les ficelles du premier opus. Quelques clins d'oeil (scène à l'université quasi-identique, référence à l'Arche d'Alliance...) montrent clairement l'allégeance de cet Indy à l'idée de base du duo Spielberg-Lucas: le prof d'archéologie le plus burné des années 30 va traverser le monde à la recherche d'une relique judéo-chrétienne prisée par les Nazis, décidément totalement obsédés par la Bible qu'ils prennent au pied de la lettre. Dans ce cas, ils devraient peut-être réfléchir au fait que les méchants sont censés brûler en Enfer, mais bon, le méchant, c'est toujours l'autre...


Si un tel manque d'originalité fait toujours craindre le pire, force est de constater que les vieux éléments sont rehaussés par une réelle volonté d'évolution qui, non contente de sauver le film, le propulse carrément au sommet: "La Dernière Croisade" explique brillamment le mythe d'Indy en nous racontant un bref épisode de sa jeunesse. Nous assistons en quelques minutes à la naissance des traits les plus constitutifs de notre héros: le gout de l'aventure, la peur des serpents, le fouet, la cicatrice, le Fedora... tout, on vous dit ! Et l'ombre d'un père, silhouette méditative et inaccessible, impose le terme de cette mise en bouche, fêlure d'un adolescent qui ne deviendra jamais tout à fait adulte.


Le père revient plus de vingt ans plus tard, sous les traits d'un Sean Connery décalé, ronchon, exquis, lui non plus pas totalement terminé dans sa tête. La rencontre de ces deux gamins opposés, faces active et passive d'une même médaille, ne peut que déboucher sur des échanges savoureux, d'un humour parfaitement dosé au point que cela tienne du miracle. Alors c'est vrai, on perd un peu en dépaysement, cet épisode étant certainement le plus "citadin" des trois premiers. Mais ce qu'on perd en exotisme, on le gagne en classe, en rythme et même en tendresse. Car au-delà des obsessions des deux Jones, c'est la relation humaine qui sera mise en avant, la valeur du Graal ne s'exprimant qu'à travers la compréhension de Henri Jones Senior: si l'immortalité réside dans une misérable coupe en bois, alors plus aucun autre trésor ne vaut la peine d'y consacrer sa vie et celle de ceux qu'on aime.

Amrit
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le 28 oct. 2011

Modifiée

le 15 sept. 2012

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