Un nouvel opus sur les aventures du plus grand archéologue du cinéma ne pouvait se faire qu’entre les mains de James Mangold, si ce n’était entre celles du géniteur Spielberg. Une hype méritée ou le résultat d’une production édulcorée ?
Quel plaisir de revoir Harrison Ford remettre le chapeau du célèbre héros de Steven Spielberg et de Georges Lucas. Un retour inespéré et un projet validé par le papa des Dents de la mer entre les mains d’un autre réalisateur qui a fait beaucoup parler de lui ces dernières années, à savoir James Mangold. On se souvient qu’en 2017, Mangold s’était déjà exercé au retour d’un grand héros en la personne de Wolverine pour le film Logan. Et quel exploit ! Un film si réussi qu’il détrônait tous ses prédécesseurs. On ne pouvait que croire à un nouveau diamant brut avec l’aventurier de l’arche perdue et pourtant…
Revoir Harrison Ford renfiler le costume du Professeur Jones est un régal pour tous les fans, cependant le film souffre d’un manque cruel de… et bien de James Mangold. La fresque archéologique d’Indiana Jones est terminée et nous nous retrouvons des années plus tard avec un héros blessé par le temps et la vie, alcoolique, bien loin de l’esprit dynamisant que nous connaissons chez l’archéologue. C’est presque douloureux de le voir forcé de sortir de son état de latence, lassos à la main et devant rattraper les erreurs du passé. Phoebe Waller Bridge est une bonne coéquipière, qui donne un coup de fraicheur, à la fois drôle et cassante. Mais même avec ce nouveau duo, qui avouons le, fonctionne plutôt bien, le film reste sans saveur. Quelques petits clin d’œil, par ci, par là, histoire de contenter les plus aguerris mais ce n’est qu’une couverture qui cache un manque profond d’aventure pure, de liens profonds et d’une idée nouvelle.
La voie de nostalgie est souvent mise en avant dans les productions Disney et bien que cela puisse être rassasiant à certains, on espérait qu’avec une œuvre d’une telle envergure, l’appétit serait le dernier des soucis. Une impression de triche, autant au niveau du temps que du pouvoir de suggestion qui arrive presque à être accrocheur.
Ce qui fait la force d’un film comme Logan, c’est que Mangold s’était entièrement réapproprié l’histoire, pour revenir avec un contenu stimulant, dramatiquement fort avec des personnages poignants. Indiana Jones perd de cette caractérisation et ne devient qu’une suite de plus basée sur la mélancolie de l’œuvre originale…
Quelques points positifs sont cependant à relever, Harrison Ford est toujours aussi à l’aise dans son rôle phare ce qui, on ne va pas le cacher, arrache des rictus tout au long de l’histoire par un jeu encore plein de nuances. L’humour british de la créatrice de Fleabag colle parfaitement à l’univers avec des scènes trash de spontanéité et Mads Mikkelsen est comme à son habitude un excellent antagoniste. Oui, la patte bien spécifique du réalisateur du Mans 66 manque à l’appel, mais les quelques maladresses semblent être entreprises avec une pointe de fierté et passer un bon moment devant une franchise telle que celle d’Indiana Jones (malgré les défauts cités) est presque une évidence, un côté doudou que l’on peut retrouver dans les autres œuvres de Spielberg, toujours ici à la production. Maintenant… ça ne suffit pas à réduire cette légère frustration que l’on peut ressentir surtout aux abords des salles cannoises.