Trente-sept ans après After Hours, Martin Scorsese revient sur la Croisette pour présenter son nouveau film sélectionné en hors-compétition, sur la malédiction meurtrière des Indiens Osages, armé d’un casting quatre étoiles.
Un nouveau long-métrage signé Scorsese est toujours un évènement, d’autant plus que le cinéaste n’était pas revenu présenté un film depuis son prix de la mise en scène pour After hours en 1986. Cette année et grâce à l’accord d’APPLE pour sortir le film en salles, le réalisateur d’Aviator revient avec un western époustouflant sur les meurtres de la tribu Osage dans les années 1920.
À l’affiche, Martin Scorsese a décidé de réunir ses plus fidèles ouvriers, à savoir Leonardo DiCaprio et Robert de Niro, avec en prime Lily Glastone, Jesse Plemons et Brendan Fraser. Autant dire que le film était très attendu, ce qu’on a pu ressentir lors de la première annonce de la sélection cannoise, et ce jusqu’aux bords des marches du Palais des Festivals. Mais qu’en est-il vraiment ?
L’ambiance autour du film est sans appel, une billetterie complète dès la mise en ligne, une foule aux aguets à la moindre interrogation et des bruits de couloirs à n’en plus finir, avec qu’un seul nom dans les airs : Killers of the Flower moon. Dans les salles, que ce soit durant la projection officielle ou celle de la presse, le public est en haleine, applaudissant rien qu’à la découverte des visages si connus et ô combien acclamés de la famille scorsesienne.
Comme attendu, ce tout nouveau chapitre dans la filmographie du maître est d’une puissance dont seul Martin Scorsese a le secret. Outre le jeu des acteurs oscarisés, d’une perfection absolue (surtout en la personne de Leonardo DiCaprio qui se retrouve dans un rôle loin du héros acclamé), la grande révélation du film est bel et bien Lily Glastone, qui est d’une frappante sincérité, où le charisme de l’actrice va bien au-delà d’une simple interprétation. Outre les acteurs, le film est d’une beauté cristalline, amenant un climat aussi beau que morbide sur la terre pétrolière Osage où combines et meurtres détruiront des fortunes familiales pour le compte d’une seule personne. Robert de Niro en antagoniste principal, aussi perfide qu’un serpent, et ce à 79 ans, est encore une merveille signée Martin Scorsese. L’acteur baigne dans son sang froid, mêlant miséricorde, générosité et fallacieuses arnaques afin de profiter de la richesse de ses « amis » amérindiens. Avec cette aura crépusculaire, le film est imprégné d’un malaise tout particulier, où le mal n’est qu’à une porte de chez soi, ne laissant qu’au bout du compte que de la peur et de l’appréhension au sein de la tribu.
Véritable choc d’inhumanité, Killers of the Flower Moon est un thriller bourré d’éléments révélateurs d’un cinéma quasi miraculeux, hommage à l’absolu western du temps de Leone, avec toutefois un point d’honneur à rester fidèle à l’identité du cinéaste. Tel un lent poison, le film s’insurge en chaque spectateur afin de créer un véritable trouble, entre quête de la vérité et puissante révélation sur une partie oubliée de l’Histoire.
Après l’imparfait The Irishman, Killers of the Flower Moon est la quintessence du cinéma de Scorsese et on espère beaucoup plus de films de cette trempe, qui régalent la culture du septième art, au travers de la focale d’un grand ambitieux qui fera plus d’un heureux.