Dans ... Le Royaume Du Crâne De Cristal, on nous fit découvrir un Indiana Jones plus vieux et un peu dépassé par le changement d'époque en étant entré dans celle du rock'n'roll tout juste né et de la guerre froide avec un plan montrant Indy de dos regardant le champignon nucléaire pousser vers le ciel. Ce film appuya que c'en fut fini des ambiances et des romances des années d'avant la seconde guerre mondiale et conclut sur l'union officielle de l'archéologue aventurier avec l'amour de sa vie, Marion Ravenwood, tous deux parents d'un fils qui, pour ce dernier, rencontra enfin son père qu'il suivit dans la quatrième aventure.


Pour cette cinquième et ultime aventure du désormais vieil archéologue à venir voir, la crainte est évidemment naturelle quand on sait ce que le grand accapareur Disney, grande enseigne vampirique derrière laquelle se planquent ses sbires des édulcorations des franchises, aux exemples des Marvel et de la dernière trilogie de La Guerre Des Étoiles (épisodes VII, VIII et IX), est souvent capable de commettre depuis des années.


Le début du film met le spectateur directement dans le bain de l'action dans les vingt premières minutes, en 1945 où les forces armées d'Hitler reculent devant la progression des Alliés. Notre Indy, au faciès d'un Harrison Ford numériquement rajeuni, a fort à faire contre ses ennemis de longue date, depuis son évasion d'un château bombardé jusqu'à l'immixtion dans un train allemand contenant œuvres d'art et quelques reliques en partance pour le troisième Reich proche de sa fin. Le professeur Jones est aidé par son ami, Basil Shaw (Toby Jones), lequel tombera sur le fameux cadran d'Archimède entre les mains du principal antagoniste, le docteur Voller (l'acteur danois Mads Mikkelsen pas si caricatural dans son rôle) pour une courte et première confrontation. Fin du premier acte.


Permutation à la fin des années 1960. Neil Armstrong et Buzz Aldrin ont marché sur la Lune. Le professeur Henry Jones IIème, réveillé en sursaut par une chanson des Beatles et à qui le grand évènement récent lui passe au-dessus de la tête, vit seul dans un appartement new yorkais, vieilli, aigri, mélancolique, sans son épouse Marion Ravenwood dont une photo est collée sur le réfrigérateur. On apprendra ce qui est advenu de la situation familiale traitée intelligemment, avec mélancolie lors d'une scène ; le personnage joué par Karen Allen et celui joué dans le film précédent se passant il y a douze ans par Shia LaBeouf, jeune acteur tombé en défaveur par Steven Spielberg, sont totalement ou presque pour l'un absents du plus long film d'Indiana Jones à ce jour, ici réalisé par le non pas des moindres, James Mangold (Le Mans 66, Copland, ...).

L'ambiance qui entoure notre enseignant en archéologie à deux doigts de sa retraite le dépasse et dépassement accentué par les étudiants qui s'intéressent peu à une matière universitaire devenue poussiéreuse, creusant ainsi le fossé intergénérationnel, étant donné l'exploit extraordinaire vécu par l'équipage d'Apollo 11 qui a fait quasiment lever tous les yeux du monde entier vers le futur et la conquête spatiale prometteuse, plutôt que de les orienter dans un passé qui sent le formol.


Mais le passé risque fort de changer à cause de l'ambition obscure du docteur Voller, ancien officier nazi et également physicien ayant contribué à faire décrocher la Lune à la puissance américaine. Pour cela, il aura besoin du fameux cadran conçu dans l'antiquité par le mathématicien grec, Archimède, une machine complexe capable de déceler des failles temporelles, portes des possibilités de modifier le cours de l'histoire dangereusement entre de mauvaises mains. Un artefact convoité également par la nouvelle arrivante, Helena Shaw, (très convaincante et malicieuse Phoebe Waller-Bridge), fille de Basil Shaw et filleule d'un Indiana Jones usé par les années qui lui emboîtera le pas de course-poursuite afin de déjouer ensemble l'enjeu du groupuscule nostalgique du IIIème Reich vaincu.


Poursuite, action, exploration, recherche, énigmes et quelques effrayantes bébêtes, comme les scolopendres et les murènes, dans des lieux oubliés sont évidemment au menu. Boyd Holbrook tient un rôle ici plus en recul comme second couteau et bras droit de Voller. On n'échappe pas, parmi les méchants, à un autre molosse brutal comme dans les précédents films et dont on se dit, avec doute, comment un Indy rouillé par la vieillesse va se démerder pour le battre. Le tout jeune Ethann Bergua-Isidore joue son personnage de Teddy, un potentiel boulet mais enfant débrouillard dans les situations tendues quoique moins remarquable que Demi-Lune. De revoir Sallah fait plaisir mais ici le personnage interprété par John Rhys-Davis est beaucoup moins impliqué. L'agent de la CIA Mason (Shaunette Renée Wilson) est peut-être assez mal écrit et Antonio Banderas ne joue qu'un court rôle pour la séquence sous-marine.


Alors oui, on peut voir quelques clins d'œil lors de certaines scènes et de certaines répliques liées aux premiers films, mais ça reste léger je trouve. La nostalgie joue, surtout pour les nouveaux vieux que nous devenons pour beaucoup d'entre nous. Il y a des invraisemblances où Indy pourrait être gravement blessé, comme au début quand le colonel allemand le soulève sur le toit du train pour le frotter contre la voûte du tunnel. Et sans doute plus comme pour la poursuite effrénée dans les rues de Tanger qui ne doit pas ménager ses vieux os. Mais pourquoi pas ? Enfants, nous l'acceptions, non ?


Quant à la fin, enfin plutôt l'avant-dernier acte, elle peut faire râler ou lever les yeux au ciel. Mais cela ne fait-il pas partie, pour toute la saga, des ingrédients des extraordinaires aventures, la toute dernière pour notre héros archéologue ici, dans une touche de fantastique, d'(in)expliqué, qui assure le frisson final tel que Steven Spielberg nous habituait dans les années 1980 ? OK, la fin du Royaume Du Crâne De Cristal sorti en 2008 se discute toujours, avec l'antagoniste finissant moins salement et se démarquant des autres fins antérieures en se dirigeant dans la science-fiction. Comme pour la fin du Cadran De La Destinée ce qui est susceptible de déplaire à nouveau ceux qui restent cantonnés à la trilogie des eighties.


Le tout dernier acte est tout de même émouvant, je n'étais pas loin de ma petite larme. Mon côté sentimental et ...

... l'émotion de revoir une dernière fois les yeux amoureux de Marion Ravenwood revenue apaiser les blessures physiques et affectives, le grand amour qui dépasse toutes les reliques recherchées par Indy dans sa longue vie.

Et dans la salle, au générique final, des applaudissements ont retenti après cet épilogue. Indiana Jones a vieilli et c'est, à mon sens, ce qui a rendu le personnage plus touchant, à condition d'accepter que nos héros vieillissent. Espérons cependant qu'Harrison Ford, devenu octogénaire, en restera définitivement là comme il a pu le dire et qu'Hollywood tournera la page une bonne fois pour toutes.


PS : Si il y avait quelque chose de critiquable à pointer, je mentionnerais le doublage français pas vraiment dans le ton dans certains moments notamment pour le personnage principal.

MonsieurScalp
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le 6 juil. 2023

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