A la sortie de la salle projetant Indiana Jones et le Cadran de la Destinée, il n'est pas interdit de penser que Hollywood s'obstine à ne pas vouloir apprendre de ses erreurs et à exploiter la nostalgie d'un passé enjolivé.
... Ou est devenu tout simplement amnésique.
Il ne se souviendra donc pas que quinze ans auparavant, déjà, l'aventurier avait bu un sacré bouillon critique en côtoyant les extra-terrestres, soit à l'occasion du Royaume du Crâne de Cristal.
Hé bien, pour les ceusses qui en avaient déjà fait une jaunisse en 2008, j'ai bien peur qu'en 2023, ils n'en avalent leur chapeau cette fois-ci.
Et ce même si on se débarrasse de certaines idées assez gênantes et que l'on met à la barre de l'entreprise un très solide artisan. Car James Mangold, à l'évidence, est loin d'être un manche derrière la caméra, tout en se montrant pour le moins éclectique dans les genres qu'il visite.
Encore faudrait-il que l'on ne pousse pas encore en 2023 le curseur gouvernant la suspension d'incrédulité ou encore celui de la nature de la science-fiction à laquelle se frotte Indy aujourd'hui.
James Mangold réussit cependant à faire illusion le temps d'une attaque de train assez réjouissante et palpitante, qui ne sera jamais parasitée par les effets de rajeunissements du visage de Harrison Ford, même si il y en aura toujours pour vous dire que c'est caca beurk.
Ce doux parfum d'antan perdure un petit peu, le temps des prémices de cette nouvelle aventure et de son décor purement américain de la conquête spatiale, où la solitude de l'aventurier est dessinée à l'aune de la retraite d'Indy, qui au passage ravale la réforme Macron au rang d'aimable plaisanterie.
... Avant de s'évaporer peu à peu. En effet, Indiana Jones et le Cadran de la Destinée ne réussit plus, une fois la première demi-heure passée, à s'emparer du caractère épique des aventures de son personnage titre, le comble pour une telle franchise, si vous voulez mon avis.
Et si l'oeuvre est honnêtement filmée, elle ne fait qu'illustrer un script beaucoup trop long pour ce qu'il a à raconter, aux péripéties mal rythmées, et est surtout parasitée par des nouveaux venus dont on se serait bien passé.
Car pour un Madds Mikkelsen que l'on a toujours plaisir à retrouver, il faudra se cogner une redite inutile de Demi-Lune, qui ne servira qu'à faire décoller un avion comme on démarre une voiture volée dans un quartier sensible, mais surtout une Phoebe Waller-Bridge qui échoue systématiquement à s'inscrire dans la lignée des héroïnes immortelles de la série. Jusqu'à se montrer totalement antipathique.
Mais là ne sont peut être pas les pires tares de ce Cadran de la Destinée : en effet, le film, dans son entreprise de relooking, désacralise quand même sacrément l'icône d'action qu'est devenu Indiana Jones dans les souvenirs d'une pop culture énamourée, pour mieux ensuite souligner son aspect relique. Tout en convoquant, bien sûr, un caméo en forme de visite en ehpad procurant un certain sentiment de tristesse.
On est donc loin du baroud d'honneur qu'aurait mérité cette immense figure de l'aventure cinématographique. Au contraire, Hollywood, espérant compter une dernière fois les biftons, illustre avec acuité le fait que comme les oiseaux, les héros devraient se cacher pour mourir.
Behind_the_Mask, qui n'est pas près de crier Euréka !