Avertissement !!
Si vous n'avez pas vu le film, ne lisez pas ces lignes...
« INDIANA JONES ET LE CADRAN DE LA DESTINEE »
Les Aventuriers du temps perdu et retrouvé...
Après un quatrième volet en retrait par rapport aux précédents (mais loin d'être le naufrage décrit de ci de là), voilà notre aventurier/archéologue de retour pour un cinquième et très certainement dernier volet.
Spielberg n'est plus derrière la caméra et cela se voit dans les temps morts du film. Le film n'est pas exempt de défauts... Cependant, James Mangold (auteur de quelques très bons films comme « Copland » ou encore le très mésestimé « Logan ») est loin d'être un manchot et on peut même dire qu'il se sort avec les honneurs de l'exercice périlleux qui lui était confié...
Pas facile de succéder au génie de Spielberg pour faire vivre ce personnage qui est gravé dans l'inconscient collectif tout comme le sont également les notes de cette marche composée par l'autre génie mais musical cette fois ci... John Williams.
Donc... Revenons à nos fondamentaux...
L'histoire... Est elle à la hauteur ? Et bien oui... Et heureusement d'ailleurs... Un bon Indiana Jones c'est d'abord une bonne histoire... Abracadabrantesque certes... Mais une histoire à laquelle on a envie de se convaincre de croire... Chose qui pêchait dans le quatrième opus (Mais stop! Non je ne dirai pas de mal du "Crâne de cristal" qui , comme je le disais plus tôt, n'est pas le ratage que certains veulent nous persuader qu'il est) ...
« Les nazis ? Je les hais ces gars là !... »
Que serait Indiana Jones sans son antagoniste emblématique? Le nazi c'est le mal absolu... On ne se pose aucune question quant à ses motivations... Pas d'états d'âme... Et là on en a un bel exemple de salopard en la personne de Jurgen Voller (Mads Mikkelsen, toujours aussi épatant en vilain), un scientifique nazi.
1944 : la guerre se termine. Indy et un compère, Basil Shaw, sont à la recherche d'une relique à laquelle s'intéressent également les nazis... Un Harrison Ford, rajeuni de 40 ans, sautant et virevoltant par la magie du numérique, se lance à sa poursuite en moto puis sur un train dans une scène d'ouverture très réussie. La relique s'avère finalement fausse mais laisse la place à Voller et au véritable McGuffin du film : le cadran de la destinée confectionné par Archimède. Cet appareil censé calculer des positions astronomiques est ici, par la magie du scénario, capable de prédire et situer des failles dans l'espace-temps.
Et là est l'une des bonnes trouvailles du film... Le voyage dans le temps... Car, après tout, qu'est ce qu'un film d'Indiana Jones si ce n'est un merveilleux voyage dans le temps ?
En 1979 lorsque Spielberg et Lucas inventent le personnage, c'est en pensant aux serials des années 50 et les films d'aventure qui ont nourri leur âme d'enfant et forgé leur identité cinématographique... Que serait Indy sans le Harry Steele (Charlton Heston) du "Secret des Incas" ? Ou le Adrien de "l'homme de Rio" (Jean Paul Belmondo)? Ou le Allan Quatermain (Stewart Granger) des "Mines du roi Salomon"? On pense aussi au « Tombeau hindou » de Fritz Lang ou les films de Zoltan Korda (« les quatre plumes blanches »)...
Le but avoué de la saga Indiana Jones est bien de rendre hommage à ce cinéma qui faisait rêver le cinéphile Spielberg et nous par la même occasion... Dans ce dernier opus, la nostalgie agit comme le fil conducteur...
Papy Jones fait de la résistance
1969: on retrouve un vieil Indy endormi en caleçon devant son poste de télévision et réveillé par le son des Beatles qu'écoutent ses jeunes voisins alors que dans les rues on célèbre les trois astronautes qui ont marché sur la Lune... Son corps trahit le poids des années... Comme il le disait lui même déjà dans le premier opus "C'est le kilométrage..."
Il se prépare à donner son dernier cours à l'université avant la retraite... Le quotidien d'un homme ordinaire en somme... Quand débarque Helena Shaw, sa filleule et surtout fille de Basil, son ami qui a consacré sa vie, sa santé physique et mentale à ce cadran de la destinée...
C'est grâce au personnage de la filleule, digne héritière de l'archéologue mais en apparence plus vénale (excellente Phoebe Waller Bridge) qu'Indy va se retrouver embarqué dans ce dernier tour de piste ....
Voller, nostalgique de la puissance du Troisième Reich, et toujours à la recherche de ce cadran d'Archimède, n'en est pas moins devenu un citoyen américain ayant permis, à l'instar de Werner Von Braun et de tous ces ingénieurs du régime nazi, récupérés par les États-Unis au sortir de la seconde guerre mondiale, la prouesse de l'arrivée sur la Lune.
De poursuites infernales en morceaux de bravoure teintés de cet humour propre à notre héros au fouet et au Fédora, le film va nous transporter au Maroc, en Sicile puis en Grèce dans un périple que tout tintinophile (autre source d'inspiration du personnage) ne peut qu'apprécier.
Tout n'est pas parfait dans ce dernier volet (quelques ratés dans le rythme, l'apparition de certains personnages qui tient plus du fan service) mais force est de constater que James Mangold a su respecter le matériau brut que lui a laissé Spielberg et l'inscrire dans la mythologie du personnage. Il rend hommage avec un savoir faire admiratif de son prédécesseur et surtout une nostalgie désarmante... Car oui, ce cinéma-là n'est plus vraiment au goût du jour à l'heure de Marvel, le spectateur préférant les super-héros survitaminés aux héros vieillissants, fragiles et désabusés mais tellement plus attachants (la scène finale du baiser, hommage à cette même scène du premier opus boucle avec beaucoup d'émotion la boucle).
Au détour d'une scène, Indy dit à Héléna «Je ne crois pas en la magie... Cependant j'ai vu des choses dans la vie que je ne saurai expliquer...»
Ne doit on pas y voir un vrai discours sur ce cinéma de papa qui est en train inexorablement de disparaître ?
Nous, Indiana, on a encore envie de croire dans cette magie... En tout cas, ce dernier volet nous donne ce secret espoir... Comme ce chapeau qui revient toujours dans tes mains...