Le Royaume du crâne de cristal est le quatrième volet de la série des Indiana Jones mettant en vedette l'acteur Harrison Ford. Le film voit aussi le retour de Steven Spielberg et George Lucas à la réalisation et à l'écriture. Alors le soucis avec Le Royaume du crâne de cristal, c'est qu'on peut le voir selon deux approches. Si on le regarde comme le quatrième volet de cette trilogie quasi parfaite (même si perso ... pas très fan du Temple Maudit, je dois l'admettre), alors on est vraiment pas loin du désastre, car il n'y a pas grand chose à sauver. Mais si on le regarde en oubliant la trilogie, comme un hommage aux films d'aventure ayant fait les grandes heures d'Hollywood dans les années 1930 à 1950, alors dans ce cas je serais un peu plus indulgent.
Mais toujours est-il que la question mérite d'être posée : comment défendre un scénario aussi pauvre (coucou George Lucas) et une mise en scène aussi peu inspirée (coucou Steven Spielberg) ? D'où vient l'idée de coller un rejeton aussi exaspérant à Indy (peut-être un hommage à Kate Capshaw et Demi-Lune dans le Temple Maudit ?), de filmer des situations totalement risibles (la jungle) et de supprimer toute tension avec des CGI dégueulasses ? Le Royaume du crâne de cristal se plante lamentablement, là où justement les films précédents savaient se limiter et ne pas trop en montrer ! Dans les trois premiers films, on évoque sans cesse diverses divinités, mais on ne les montre jamais. Ici, on nous plante un extraterrestre au design plus que douteux et qui plus est en gros plan, avec une expression qui ne dit rien. Il n'y a plus de mystère dans Le Royaume du crâne de cristal.
Même en oubliant que c'est un Indiana Jones, ça reste un film très moyen, qui mise davantage sur ses effets que sur la construction de son histoire. La scène du frigo est "too much", mais ce "too much" est quasiment la marque de fabrique des films comme Indiana Jones et James Bond. Le vrai problème du film, c'est qu'il ne nous propose rien en dehors des scènes d'action. Le scénario est très faible, il manque des enjeux, une montée en puissance (c'est tout l'inverse ici) et un sous-texte. Dans La Dernière Croisade, le rapport entre Indy et son père était le fil conducteur du film. Dans Le Royaume du crâne de cristal, ni la relation avec Marion (Karen Allen), ni celle avec le fils d'Indy (Shia LaBeouf) ne font l'objet du moindre développement. Tous ces éléments qui sont, soit des ébauches d'idées non abouties, soit du pur fan service, nuisent à la qualité du film, bien plus finalement que les extraterrestres ou le frigo anti explosions nucléaires.
Steven Spielberg est clairement en pilotage automatique. Il l'a lui même admis, l'histoire ne lui plaisait pas vraiment et il a clairement perdu la spontanéité et la fraicheur qui faisait tout le fun de la trilogie originale. La réapparition de Marion m'a bien fait sourire, tellement c'est hyper mal amené et mal joué. L'humour est plus forcé aussi. L'abus des CGI nuit beaucoup à l'immersion du spectateur, ça nous fait sortir du film (et il y a vraiment beaucoup de CGI). Le fils d'Indy est quand même un sale gosse, indigne d'un héros comme Indy, beaucoup de "forçage", trop d'effets, pour au final un retour nostalgique qui ne prend pas trop !
Bien que pas très passionnante, la première heure est plutôt sympa, la réalisation est très propre, mais à partir du retour de Marion c'est une succession de CGI dégueulasses ou tout semble fake, de scènes complètements idiotes (la jungle encore une fois), on ne vibre pas une seule seconde, il n'y a aucune tension, aucune scène marquante, l'humour est poussif et même la BO de John Williams est peu inspiré. Le passage qui me pique le plus les yeux, c'est le combat d'épée debout sur les voitures entre Shia Laboeuf et Cate Blanchett. L'hommage aux films d'aventures des années 50 est sympa, mais on espérait tellement mieux vu le niveau des trois premiers volets.
Mais pour finir sur une note un peu moins sévère, je dirais quand même que c'est un honnête divertissement, avec une bonne réalisation (la première heure), certains clins d'œil à la trilogie originale qui fonctionnent plutôt bien, l'ambiance années 50 ... et puis le coût des êtres interdimensionnels, pourquoi pas ? On reste dans les codes de la saga, avec le mystère et le farfelu qui se mélangent. Dans les anciens films, on a bien eu une Arche d'Alliance qui tue des Nazis, une secte d'Hindou qui arrachent le cœur et un vieux chevalier âgé de 1000 ans qui garde précieusement le Saint Graal !
Mais il y a une chose que je peux difficilement pardonner au film (et qui me fend le cœur), c'est de vouloir nous faire croire qu'Harrison Ford a vingt ans de moins que son âge, alors que moi je vois un papy faire des cascades et faire de la bagarre. Mais moi je ne veux pas voir papy Indy, je veux garder en mémoire le jeune Indy virevoltant et espiègle de la trilogie originale. C'est comme un James Bond, je ne veux pas voir un James Bond âgé et incarné par un papy, ça ne m'intéresse pas. Là dans Le Royaume du crâne de cristal, j'ai de la compassion pour Harrison Ford, limite même de la pitié ... et c'est bien ça le plus gros problème du film pour moi.