Dans les grandes sagas du cinéma, il y a toujours un épisode dont on se souvient moins, qu’on apprécie moins, qu’on a moins regardé que les autres. Le petit oublié quoi. Indiana Jones et le Temple Maudit est de ceux-là. Faisant suite à un premier épisode légendaire, cet opus prend également le choix de traiter une histoire plus sombre (comme c’est souvent de coutume), mais là où celui-ci se distingue, c’est qu’il approche une histoire plus sombre tout en nous la faisant paraître plus enfantine que les autres. Peut-être que cet artifice est fait dans le but de diminuer l’impact du premier aspect.
Mais on doit avouer que si le combat d’Indy pour sauver les enfants esclaves et récupérer une pierre sacrée volée, à la demande d’un chef de village sans vraiment de raisons apparente est louable, ça reste quand même assez bateau. On se régale toujours autant dans cette aventure où l’humour est toujours bien présent, ainsi que le romantisme (peut-être même plus que dans Les Aventuriers). Mais voilà, le mélange sombre/humour/romance/aventure/enfant a du mal à prendre, est souvent déséquilibré ce qui rend au final ce résultat moins chouette que dans le précédent opus (où tout fonctionnait si bien). Loin de là cependant l’idée que cette suite est pas terrible : elle reste super quand même.
L’intro est un véritable régal (et sans doute la meilleure séquence du film), et le reste du film est vraiment très plaisant et toujours aussi divertissant. Le petit coup de mou (de la fin de l’intro jusqu’au premier sacrifice) endort un peu notre vigilance, nous décroche de temps à autre un rire de bonne foi (la scène du repas est juste géniale), mais rien de transcendant. Puis tout s’enchaîne très vite, même si là encore ce n’est pas extraordinaire. Puis, une fois les enfants sauvés (je le redis : tout aussi louable que soit cette partie du film, elle reste très mal gérée à mon sens), on revient enfin dans la vraie aventure avec cette longue séquence vraiment plaisante.
Une histoire qui reste donc une bonne histoire et qui, malgré ses petits défauts (et quelques passages un peu bâclés), fait honneur à son prédécesseur.
Niveau casting, on observe là-aussi une baisse de régime : si Harrisson Ford reste toujours aussi classe dans son rôle, le reste a du mal à suivre. Kate Capeshow fait de magnifiques vocalises durant le film, mais le fait que son personnage de Willie a d’une part un intérêt limité et d’autre part, est mal exploité par rapport à celui de Marion dans le premier, tout ça rend sa prestation assez moyenne au final. Tout comme Demi-Lune, qui reste néanmoins assez marrant et peu énervant (mais on sent encore là le désir de contrebalancer avec l’aspect sombre).
Techniquement, le film est dans la lignée du premier. La musique de John Williams est toujours aussi entraînante et adaptée à la situation, avec plusieurs nouveaux thèmes superbes (celui du Temple Maudit est une merveille). Les effets spéciaux toujours aussi superbes, même s’ils ont légèrement vieilli. Les décors toujours aussi magnifiques également. Quant à la mise en scène de Spielby, si on sent moins toute la maestria du maître dans la maîtrise de la caméra, si on a moins cette sensation de chef d’orchestre (sauf lors de l’intro), le tout reste quand même très bien filmé avec plusieurs plans devenus cultes depuis (voire des références) et nous plongeant avec toujours autant de facilité dans l’aventure.
Indiana Jones et le Temple Maudit est donc bien cet épisode qu’on oublie assez souvent car encadré par deux pures bombes, mais qui reste tout de même suffisamment d’assez bonne qualité pour ne pas être vu comme LA daube de la saga. Voilà ce que donne un bon film d’aventure dans une saga d’aventure légendaire et cultissime. Beaucoup de sagas actuelles aimeraient en dire autant, peu en sont capables.