Film-évènement sur le sort de troupes algériennes qui ont participé à la libération de la France, "Indigènes" a beaucoup ému, y compris les pieds noirs réacs à Cannes.

Ce film confirme à mes yeux une loi tacite et bizarre qui veut que les bons films de guerre français se doivent de comporter des Arabes (je pense à "R.A.S.", par exemple). Il y a au fond peu de scènes de combat, et c'est tant mieux, comme ça on évite l'écueil qui me retient en général dans les films de guerre : le fait que malgré soi, on veuille que les gentils arrivent à tuer les méchants. La vision des Allemands ici est plutôt "neutre" : on ne les voit pas, ils sont sans visages. Dommage qu'on n'en voit pas un seul de manière un peu humanisée, mais peut-être que Bouchareb avait peur que ça parasite le message du film.

On est dans le film à message, sans être vraiment dans le film-choc, ce qui est déjà bien. Pas de débauche superflue de violence. La troupe d'acteurs est attachante. L'ambiguïté du personnage du sergent est intéressante : proche de ses hommes, il sait lâcher du lest quand l'injustice est trop criante, mais sinon les tient d'une main de fer. Le duo qu'il forme avec Debbouze fonctionne bien (bonne trouvaille que cette mort qui leur donne le même visage, même si l'insistance est un peu lourde). Chaque soldat a des raisons de continuer : Debbouze pour son attachement affectif au sergent ; Naceri pour s'en sortir vivant ; Zem parce qu'il rêve de s'installer à Marseille avec une Française ; Bouajila parce qu'il se bat pour la liberté. Surtout, il y a beaucoup de scènes de la vie quotidienne : autour d'un repas, après une revue, etc... Tant mieux.

Le film montre bien comment ces hommes sont fiers de se battre contre les nazis, même s'ils sont conscients que la France n'est pas leur Patrie, et réalisent, pour certains, qu'on leur en demande toujours plus, sans qu'ils aient d'espoir de récompense. L'épilogue est un peu prévisible, mais c'est ce qu'il fallait.

Il y a quand même deux trucs qui me chiffonnent. Mais je tiens à dire que j'ai regardé dans une version non sous-titrée dans les parties en arabe, donc il me manque quelques éléments.

Le premier truc, c'est dans la reconstitution de la France. Je ne crois pas qu'une Française qui couche avec un Arabe en 1944 aurait eu l'air aussi sûre de son bon droit, comme si la révolution sexuelle avait déjà eu lieu. L'apparition de Mélanie Laurent, même si je suis fasciné par cette actrice, n'apporte pas énormément de choses.

Deuxièmement, quelle est la morale du film, finalement ? Est-ce vraiment "La guerre est absurde, surtout quand on se bat pour le pays d'un autre" ? On peut quand même hésiter avec "C'est injuste, ils auraient dû avoir de l'avancement et une pension vu comme ils dégomment bien les Chleus". Et là, ça coince un peu.
zardoz6704
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le 11 août 2012

Modifiée

le 11 août 2012

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