L’idée centrale du long-métrage, celle de la double taupe, de la confrontation entre un flic corrompu et un policier infiltré, constitue sur le papier un apport réussi au genre du polar hongkongais, qui connut son acmé dans les années 80 avant sa mise en péril par la rétrocession du territoire à la Chine en 1997. On interprète ainsi (trop ?) facilement l’écartèlement des personnages entre la fidélité due à leur camp d’origine et l’affection portée à ceux qu’ils côtoient tous les jours à la peur d’un peuple de quitter un impérialisme pour en rejoindre un autre. Néanmoins, c’est surtout le brouillement des frontières morales et des rôles qui singularise le film et le rend appréciable. La dernière scène déçoit alors après un climax pourtant excellent et semble contradictoire en raison de son souffle éthique et héroïque final, de trop.
Infernal Affairs apparaît également fragile, sa patte étant scénaristique, le tout manque parfois d’incarnation notamment dans sa représentation de la ville, ici cantonnée à un simple décor. En témoigne la première scène de tension et d’affrontement, frustrante car illisible (tout comme son incipit d’ailleurs…). Les acteurs, excellents de rigidité pour l’un et de folie pour l’autre, contrebalancent in extremis la dévitalisation d’Hong-Kong en tant qu’espace d’évolution des rapports entre personnages.
Les affaires infernales auxquelles nous faisons face se révèlent en somme être celles d’un polar inconstant, les plans cassés omniprésents ironiquement métaphore d’un thriller toujours à deux doigts de chuter.