Le truc chouette avec une série aussi surpuissante que Breaking Bad, c'est qu'elle force tout le monde à hausser son niveau de jeu. Et même dans ce film a priori calibré pour les gros bourrins, on sent que les leçons ont été tirés: ce qui compte le plus pour accrocher, c'est pas le déballage de cascades sans âme, c'est l'investissement dans les persos, leurs psychologies alors qu'ils s'enfoncent toujours un peu plus. Et ça, Snitch le fait de manière balisé mais plutôt bien.
The Rock est étonnamment bon et crédible en père de famille prêt à tout pour sauver son fils de prison. Après, le mec, c'est pas le Mr Tout-le-monde Walter White du départ, c'est quand même The Rock quoi, le mec c'est une masse absolue, pourtant il la ramène pas alors que physiquement, il pourrait tous les défoncer d'un coup de coude. Mais il le fait pas, il la joue autrement et c'est tant mieux.
Autour de lui, y a un bon casting. L'excellent Jon Berthal, tout en tension et Street Cred', est un bon substitut à Jesse Pinkman, un complice et une porte d'entrée chez les truands, y a Barry Pepper, génial en flic nerveux à la dégaine de fan de Metallica, y a Omar de The Wire qui se comporte comme Omar dans The Wire mais en fait c'est pas exactement Omar de The Wire, y a aussi Benjamin Bratt en Kingpin dont faut se méfier (Gustavo Fringe peut rester tranquille, le mec fait rien de spécial pour lui voler le statut de méchant absolu). Sympa.
Pour la réal, y a rien d'extraordinaire, mais contrairement à bon nombre d'actioners récents, c'est propre, carré, au service de l'histoire, de l'évolution des persos. Ric Roman Waugh réussit à rendre palpable et intime la tension des persos. Même que l'espace d'une séquence de négociation nocturne, on sent l'influence du Michael Mann version Miami Vice HD, les cadrages sont sophistiqués, c'est bien foutu.
Au final, une bonne série B qui surprend agréablement. C'est cool.