Deliverance, Wake in fright et la masculinité se rencontre

Ma relation avec le cinéma de Brandon Cronenberg est assez compliqué. Pour faire simple, c'est du ciné arty prétentieux aux idées mal construite et aux personnages vide d'écriture ou d'émotion. Possessor était une catastrophe de rythme, éculant tout les clichés du réal à la patte visuel, que ce soit les couleurs criardes ou ces personnages inexpressif/surjeu. Puis son obsession de suivre les traces de papa avec le body horror est juste vide et stupide.

Avec Infinity Pool, on ne dispose de rien de tout cela. C'est un film qui ressemble en partie à ce que faisait son metteur en scène précédemment, mais qui en même temps rompt totalement avec ce qu'il abordait.

Ici, le film passe son temps à explorer la psychologie de son personnages principales, qui n'est pour une fois pas une poupée de chiffon vide d'émotion et de personnalité, mais un homme souffrant du syndrome de la page blanche et en même temps émasculé par sa femme et sa position.

Ce sont ici les deux thématiques principales du film, car elles s'incarnent dans son personnage principales et le pousse à agir tout du long. L'émasculation est tout de même légèrement plus important que le syndrome de la page et james en tant qu'artiste raté, car la crise d'identité qu'il ressent est ce qui le rend misérable et pathétique dans le premier quart d'heure du film.

Ce qui fait briller ce film est sa simplicité, ce qui dénote des films précédents de Cronenberg aimant s'empêtrer dans un imbroglio de fausse complexité. Ici, la trame narrative est linéaire et simple. On suit James, un écrivain raté en crise d'identité, et sa femme, fille d'un riche éditeur, en pleine vacance dans une contrée fictive.

Le film démarre assez rapidement, lorsque James et sa femme rencontre un autre couple les incitant à sortir de la zone de vacance dans laquelle ils sont, sauf qu'en retour de cette sortie, James tue par accident un homme. Ils vont alors découvrir les coutumes étranges de cette contrée, et notamment que james va devoir être témoin de la mise à mort de son double afin d'échapper à la peine de mort.

La thématique du double est simple et utilisé depuis la nuit des temps, ce qui rend le film assez facile d'un point de vue de l'immersion dans son univers, et surtout l'empêche de se vautrer en étant faussement original et assez vide comme dans les précédents films du metteur en scène.

Ici, le dédoublement est purement allégorique, il est censé signifié le changement de caractère de son personnage principale, puisqu'il est directement en lien avec son sentiment d'émasculation et sa crise d'identité.

Le processus de dédoublement est un scène purement cathartique pour son personnage principale, un changement claire et net opère durant cette scène. On suivait un James misérable, manquant d'estime de soi, se faisant marcher sur les pieds, mais au détour d'un sourire et de la fascination dans le regard d'Alexander Skarsgård lors de l'exécution de son double, le personnage change.

D'ailleurs cette scène d'exécution est vraiment dérangeante, Cronenberg filme très bien les corps et arrive à rendre la mise à mort sanglante, violente et perturbante à travers le cadre, la lumière et le design sonore des coups de couteaux dans la chair. La thématique du double est utilisé comme élément purement horrifique ici, la scène est réellement malaisante, surtout grâce à son contexte, et les questionnements qu'ils provoquent, se voir mourir par exemple.

Le processus de dédoublement est une manière imagé de représenté la métamorphose, d'ailleurs c'est un thème tout au long du film. L'horreur passe par un questionnement intéressant durant le film, est-ce l'original ou le clone qui est mort, car le film a l'intelligence de faire en sorte que dans son concept, les souvenirs du personnages s'arrête pendant le processus de clonage et reprenne après, mais aussi que son clone partage exactement les mêmes souvenirs, rendant ainsi la scène d'exécution d'autant plus perturbante, puisque le clone n'est pas une poupée de chiffon vide, mais une copie émotionnel conforme de James, ayant une réaction horrifié face à sa propre mort.

Ce qui apparaît comme une question n'en est pas vraiment une en réalité, car la réponse est clair. James change à chaque clonage, et ce clonage est une représentation allégorique de sa métamorphose. Son ancien lui, pathétique et misérable meurt de manière brutale et choquante, tandis que lui voit son égo grandir. Le mot métamorphose n'est pas le bon, c'est plutôt une résurrection. La résurrection permet à quelqu'un de mourir, et laisser passer en arrière pour devenir quelqu'un d'autre ou devenir soi-même, s'élever. C'est exactement ce qu'il se passe durant le film. L'original meurt à chaque fois, car James change à chaque clonage.

A partir de cette scène cruciale, le film devient vraiment intéressant, c'est une sorte de déambulation d'un groupe de super riche en vacance, sans foi ni loi, violent et outrageusement hédoniste. James est en pleine descente au enfer, il se réalise, devient brutale, confiant, masculin, ce qu'il n'était pas avant. Cronenberg surf sur la vague du cinéma d'exploitation australien, je suis peut être fou, mais c'est ce que ça m'évoque. Tantôt Long Week-end tantôt Wake in fright, surtout Wake in fright au niveau des thématiques et de la structure du film.

Wake in fright est un long cauchemar dans le bush australien sur homme et son alcoolisme perdu dans une contrée au mœurs étrange. Ici, c'est pareil. La station balnéaire n'est ni plus ni moins qu'une allégorie de sa vie, puisque c'est une zone limité et qu'ils n'ont pas le droit de visité le pays entier, qui est par ailleurs fictifs, augmentant le sentiment de cauchemar éveillé. Cette zone est un entre deux mondes, un sentiment de fausse sécurité s'en dégage, sentiment qui oppresse James, tout comme sa vie est dans un entre deux monde faussement en sécurité de par sa femme et sa vie d'écrivain.

Cronenberg arrive à nous délivrer un groupe de personnage assez terrifiant, ils me font penser au groupe de riche que l'on peut voir dans un film de Bava par exemple, avec une touche de deliverance de Boorman pour le coté l'humiliation que subit son personnage principal. La fin est assez différente d'un Wake in fright, la dernières scène est assez crépusculaire, james fini dans un entre deux monde, il reste à l'hôtel vide car fermé en fin de saison. Le pays est fictif et tout y semble factice, d'ailleurs on le visite jamais vraiment, et les fois où le visite, c'est une sorte de micmac de plein de culture différente, comme s'il n'avait aucune culture distinct. La musique tout droit sortie d'un lynch avec ces sons étranges augmentent ce sentiment de cauchemar constant.


Petit note : Tout le monde parle de la prestation de Mia goth, qui est excellente, mais Alexandre Skarsgard crève l'écran ici, son jeu est tellement subtil, c'est impressionnant. Il était réellement parfait pour le rôle, car il est imposant physiquement, mais arrive à véhiculer une vulnérabilité folle, et ces yeux, son jeu passe principalement par le regard, qui sont tantôt triste tantôt terrifiant.

LordRomeo
8
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le 17 févr. 2023

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Lord  ROMEO

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