J'avais découvert Jamin Winans en 2005 avec son court "Spin", et ça faisait très longtemps que je voulais mettre la main sur son premier long, Ink. Je me rappelle qu'il n'était pas sorti en salles, mais qu'un bouche à oreille incroyable avait poussé plus de 400 000 personnes à le télécharger illégalement sur Emule et les autres P2P de l'époque. Je n'avais jamais réussi à le choper dans une version correcte, je finissais toujours avec un boulard amateur en .mkv. J'ai enfin pu le voir grâce à Outbuster et il s'agit sans doute du meilleur film indépendant/fauché que j'ai vu. Il y a davantage d'idées dingues de mise en scène et de montage dans cette péloche réalisée avec 250 000$ que dans tous les blockbusters de ces dix dernières années. La plupart des gens arrêteront le film au bout de cinq minutes, comme Avalon, à cause de la photographie très particulière, du mélange audacieux des genres (drame, conte philosophique, cauchemar, science-fiction, fantastique...) et d'un manque certain de didactisme. Je ne m'attendais pas non plus à ressentir autant d'émotion, et à vivre ces rares moments de cinéma qui vous filent des frissons le long de l'échine (la chorégraphie de l'accident, les espèces de plans de nature vivante qui se succèdent tels des interludes poétiques que Malick aurait été assez fou pour inclure dans son montage s'il tournait un slasher...)