Ink est réputé en tant que film sorti de nulle part ayant finalement acquis une notoriété importante auprès des cinéphiles. Production indépendante, il a connu une destinée impressionnante en devenant l'un des films les plus téléchargés en 2009. Ce micro-budget est l'oeuvre de Jamin Winans et son épouse Kiowa ; Jamin avait été remarqué en 2005 pour son court Spin, mais son premier long, 11:59, n'a pas rencontré le succès et les studios se sont donc désintéressés de ses projets futurs.
Si Ink est une expérience singulière et probablement dépaysante, il n'est pas génial pour autant. Il y a clairement deux temps. Pendant toute la première moitié, Winans veut tout mettre sans rien déflorer et le résultat est assez indigent. Au lieu de tracer un univers, il est dans l'émulsion, l'overdose d'images embrouillées. Dans la seconde moitié, il travaille et éclaircit ses intentions, allège la forme. Originalité et sensibilité clarifiée se conjuguent enfin et Ink devient alors un produit plus attachant.
Dans la galaxie des OCNI, Ink est effectivement un bon compétiteur. Il est plus propre que les travaux étranges d'Iskamov comme Nails, il est aussi nettement moins accrocheur et intriguant. Il faut trop de temps à Winams pour sortir de l'hystérie : pendant toute cette première moitié, le montage n'est fait que de coupes franches et il n'y a pas une scène dépassant les cinq secondes. La seconde ne s'en libère pas totalement, mais lorsqu'il laisse allez ses idées en musique, Winams présente de très jolies scènes (« one two three four »).
Sur le fond, le gros concept n'est pas transfiguré et le mythe taillé pour l'occasion n'est réellement approfondi que lors d'un final hautement lyrique. Certaines influences évidentes se font sentir, comme celle des Wachowski. Souvent Ink l'américain imite Tsukamoto. L'étrange déchirure entre la réalité et celle des personnages n'est jamais vraiment conceptualisée et ne gagne en épaisseur qu'au service des élans sentimentaux du géant au nez difforme ou de ses acolytes. Le travail sur la lumière et le rythme évoque souvent une tentative d'immersion simulant le rêve et le jeu vidéo.
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