Le film montre à mon avis son génie dans le fait qu’il se sert d’une pensée collective comme matériau horrifique. En effet, on ne fait « que »’pressentir une sombre menace pendant deux heures, tendus et en alerte du malheur et des atrocités que pourraient subir ces allégories de l’innocence. Jouant avec les codes des contes, ces merveilleuses petites filles, dansant et vivant au cœur de la forêt sont semblables aux papillons que de cruels personnes gardent à l’œil dans un bocal. On tremble pour leur avenir, mystérieux derrière ce mur, l’extérieur, où chiens, chasseurs, Monsieur en noir, rôdent. Le cœur névralgique qui rassemble les cinq maisons, regorgeant de passages souterrains et secrets, en fait lieu initiatique où la métamorphose s’opère.
Le malaise est total, l’abomination de la pedophilie qui plane comme un oiseau sur sa proie, mis en contraste brutal avec la beauté bucolique des scènes enfantines et féeriques. Toujours sur la brèche entre rêve et cauchemar, dans cette forêt écrin et prison, pour un ton doux amer qui se meurent sous le poison du danger