Innnocence est une œuvre intellectuellement riche, s'inscrivant dans une démarche qui, de l'aveu de son propre auteur, souhaite pousser le spectateur à prendre le sujet à bras-le-corps, à s'interroger et à faire sa propre interprétation des sujets développés dans le film.
Dans un univers qui, selon toute vraisemblance est dénué de toutes croyances et qui ainsi se pose comme une continuité plausible à notre monde actuel, Innocence semble finalement être une synthèse des interrogations, que dis-je; des hantises des hommes quant à ce qui définit leurs "moi" le plus profond vis à vis du règle animal. "Que suis-je? Qu'est-ce que l'âme? Ne suis-je seulement que l'étape d'une évolution? Qu'est-ce qui fait de moi un homme?". Ce à quoi Mamoru Oshii semble donner une réponse à la fin de son film par l'intermédiaire du Major:
« Il faut marcher seul, sans commettre de péché, avec peu de souhaits. Comme un éléphant dans la forêt ».
En faisant intervenir la notion de péché, ce court poème fait intervenir les notions de spiritualité et de religiosité, presque absente chez les protagonistes du long-métrage, comme une nécessité à l'homme pour atteindre une paix intérieure, répondant à nos interrogations, libératrice de nos hantises, transcendante de notre condition humaine. Poème qui d'ailleurs est cité au début du film, comme une évidence constamment présente, que l'on cherche à ignorer.
Sinon, Innocence est très beau, bien que l'animation semble être un peu limité par moments, et la bande-son est très réussie.
Cependant, comparé au premier opus qui permettait au spectateur de souffler à travers quelques magnifiques scènes d'actions, rendant alors les scènes contemplatives encore plus fortes, Innonence est sur ce point bien moins fin que son prédécesseur. Le fond de l'oeuvre, si riche soit-il, finit par envahir presque totalement le long-métrage, et le spectateur, dès lors, ne peut que trop rarement respirer, ni même cligner de l'oeil.