Quelque temps après les événements du premier Ghost in the Shell, Innocence nous emmène à nouveau dans cet univers où l'informatique a pris une place importante et échappé du contrôle des humains. Batou, cyborg appartenant à la section anti-terrorisme, enquête sur des mystérieux meurtres pouvant cacher divers complots politiques.
À nouveau on retrouve dans Innocence les thématiques de l'humain face à la robotique et la façon dont elles sont devenus totalement autonomes. Mamoru Oshii met en scène un cyborg vivant avec des souvenirs humains, notamment ceux de sa femme, et nous emmène dans ce monde où les robots sont en quelque sorte des humains améliorés (intellectuellement, physiquement...) mais toujours doté de sentiments. Mais c'est une société en crise, socialement défaillante et en processus de déshumanisation et il met en place une forte critique de cette folie technologie, capable d'anéantir l'espèce humaine.
Innocence, ne sacrifie pas totalement son intrigue pour ses réflexions et Oshii met en place un vrai film noir, avec l'atmosphère qui va avec, où on se retrouve face à une affaire plutôt alambiquée et difficile. C'est d'ailleurs l'un des points faibles du film où Oshii peine à vraiment la rendre passionnante, donnant lieu à quelques problèmes de rythmes, en plus d'être vraiment claire et notamment dans la seconde partie du récit. D'autant plus que le film se perd parfois dans ses dialogues et pensées philosophiques dont je n'ai pas toujours bien vu l'utilité n'apportant ni consistances, réflexions ou richesses.
Et pourtant le film reste hypnotique, notamment grâce à son atmosphère totalement désespérée et sombre et les questions qu'il pose même si ce n'est pas toujours abouti ou limpide. Visuellement, Oshii opte pour un mélange entre graphisme traditionnelle et images de synthèse plutôt réussi et ingénieux, notamment grâce à un minimum de maîtrise de sa part, usant de divers effets de style et travelling participant pleinement à l'atmosphère de l'ensemble.
Si Innocence aurait gagné en efficacité par moins de complexités, parfois inutiles, il n'en reste pas moins un animé dérangeant où la mise en place de cette société de plus en plus déshumanisée fait froid dans le dos...