Simplisme et stéréotypes
Débordant de bons sentiments avec de gentils gentils contre de méchants méchants, Innocent Witness nous incite à faire le bien autour de nous, même si nous sommes dans le camp du mal. C’est...
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le 19 sept. 2020
Débordant de bons sentiments avec de gentils gentils contre de méchants méchants, Innocent Witness nous incite à faire le bien autour de nous, même si nous sommes dans le camp du mal.
C’est (attention gros spoiler)
ce qu’entreprendra Soon-Ho, l’avocat, lorsqu’il se rendra compte de sa méprise et surtout de sa grossière méchanceté et condescendance à l’égard de Ji-Woo, autiste, seul témoin à charge.
Vous l’avez compris, on fait peu dans la nuance et beaucoup dans le stéréotype : l’autiste est vue par les autres (par tous, sans exception, sauf la mère et un avocat dont le frère souffre de la même pathologie) comme une grosse débile mentale à qui il faut parler de la même manière qu’à une vieille sourde comme un pot qui aurait la maturité d’une gamine de 4 ans ; cette même autiste est bien sûr, contrairement à ce qu’on pense d’elle, l’incarnation du génie et a des pouvoirs surhumains, capable qu’elle est d’entendre des sons que personne n’entend et de calculer les 196 points d’une cravate sans presque la regarder ; l’avocat expérimenté, derrière son sourire colgate et ses cheveux L’Oréal, est un petit manipulateur, mais il est quand même gentil au fond (parce que lui aussi il souffre le pauvre parce qu’il doit rester célibataire parce qu’il faut qu’il paie les dettes de son papa dont il prend soin); le jeune avocat, lui, est super stressé si bien qu’il fait tomber les livres et dossiers des autres dans les couloirs comme dans les teens movies américains ; les hommes d’affaires et autres patrons boivent du whisky, se tapent des putes et font du sale dans des suites luxueuses ; enfin, les gentils qui subissaient des traitements injustes sont finalement vengés, alors que les méchants sont enfin punis.
Si on enlève tous ces mauvais réflexes de films populaires, il reste des passages sympas (les répliques du père de l’avocat, vieil homme à l’humour aussi sage que décalé ; la plaidoirie de l’avocat ; le retournement de situation final au tribunal), une intrigue parfois prenante et le jeu bluffant de la jeune Kim Hyang-gi, excellente. Mais tout cela gâché, selon nous, par des tics américains et une réflexion un peu trop simpliste, réductrice et moralisatrice. Dommage.
5.5/10
Créée
le 19 sept. 2020
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