Cela en deviendrait presque un comble. Et pourtant, le résultat est là, sans appel. Insaisissables 2, c'est un film qui cause de magie mais qui n'en déploie pourtant aucune. Imaginez donc la déception. C'est comme si on vous refourguait une saga en huit épisodes sur un sorcier qui ne lancerait presque jamais de sorts (Qui a dit Harry Potter ???).
Car Insaisissables 2 est l'exact négatif de son aîné. Au point qu'il semble prendre un grand soin à éviter de reprendre tout ce qui en faisait le succès. Si pour une fois, on ne pourra pas critiquer la production d'avoir recyclé paresseusement un succès et des recettes prêtes à l'emploi, force est de constater cependant que la voie empruntée pour cette suite déroute largement et laisse pour le moins circonspect et déçu.
En effet, avec Insaisissables 2, on sera forcé de faire le deuil de toute la magie, du flashy, de l'exubérance, ainsi que de l'aspect flambeur, hautement roublard et jouissif du premier opus. Il troque la chasse aux cavaliers originelle, fun, cool et décontractée contre une banale histoire de vengeance et de vendetta des ennemis ruinés ou mis sous les verrous. Le tout doublé d'un côté Ocean's Eleven inabouti et filmé très platement par un Jon M. Chu qui relaie difficilement Louis Leterrier derrière la caméra. Pour les plus critiques, cela aussi, c'est un comble.
Insaisissables est donc proprement vidé de ce qui faisait son identité. Plus pesant, plus noir, plus ramollo, le film se donne un air très grave qui ne lui va pas du tout, tant il est aux antipodes d'un grand frère qui flambait avec prestige à chaque instant du grand spectacle qu'il proposait avec gourmandise. Ici, les paillettes et le spectaculaire se sont tout simplement faits la malle, comme s'ils étaient passés par une trappe sous la scène. Triste à pleurer, sérieux à en faire une dépression nerveuse, on peine à admettre un tel changement radical de point de vue, d'autant plus que rien n'emporte immédiatement l'adhésion du spectateur, rien ne lui en met plein les yeux. Et il devra finalement se contenter d'une scène à peu près potable niveau spectacle. Et encore, il ne s'agit même pas de magie à proprement parler, mais d'une enfilade de subterfuges digne d'un Mission Impossible du pauvre à base de lancer de carte (au singulier, oui). Les shows proposés, eux, sont très loin d'arriver à la cheville de ce qui était proposé dans le premier.
Quant au casting, il est lui aussi inférieur à ce que proposait Insaisissables, tout en les mettant dans une situation de faiblesse qu'on ne connaissait pas de la part des cavaliers. Isla Fisher a, pour commencer, quitté le navire. Peut être avait-t-elle senti venir le vent contraire. Pour la remplacer, si Lizzy Caplan est jolie, elle ne la fait pas pourtant oublier, loin de là, se montrant même irritante par instants à force d'humour mal placé et de tentatives d'intégrer la famille de Robins des Bois modernes. Daniel Radcliffe, lui, est tout simplement sans saveur. Les autres ? Ils font le minimum syndical, sans pousser, sans se faire violence. Woody Harrelson, enfin, sombre dans le mauvais, dans un double rôle risible.
Il n'y aura pas même un climax haut en couleurs pour rattraper en partie l'affaire. Non. C'est visiblement trop demander. Non, vraiment, Insaisissables 2, jusqu'au bout, n'arrivera pas à rééditer le succès surprise du film original, si frais, si pétillant, si inattendu. En remplacement, il laissera cependant la terrible impression de s'être fait mettre un doigt dans le fondement à son insu. Et je peux vous dire que cette impression, et bien, elle est hautement désagréable.
Monde de merde.
Behind_the_Mask, qui essaie de faire sortir un chapeau d'un lapin (oui, oui, dans cet ordre).