Sorti d'abord en Allemagne puis en Angleterre quelques mois plus tard , Inseminoïd n'est sans doute pas tout à fait le film dont rêvait Norman J Warren qui à défaut d'un grand film de science fiction pété de thunes accouche ici d'une petite série B fauchée un peu bancal et claudicante mais pas franchement désagréable.
Dans un ambiance très Alien le film nous plonge dans une base située sur la planète Xeno. Cette base située en sous sol abrite des archéologue et scientifique à la recherche d'une civilisation passée et extra terrestre. Lors d'une sortie sous terraine, Sandy l'une des femmes de cette mission est agressée et violée par une mystérieuse entité. Elle entreprend par la suite de massacrer un à un tout les membres présents sur la base.
Inseminoïd est un film qui va se faire dans une certaine urgence, le scénario est écrit en quatre jours et à quatre mains par le couple Nick et Gloria Malley et le film se retrouve financé en parti par Hong Kong avec l'un des frères Shaw de la mythique Shaw Brothers. Le tournage s'étale lui sur quatre semaines essentiellement dans les grottes de Chislehurst dans le sud-est de Londres. Norman J Warren souhaitait que son film se déroule à l'intérieur d'un vaisseau spatial, mais faute de budget et pour limiter les effets spéciaux il se retrouvera contraint de filmer sous terre en bricolant une base situé dans les entrailles d'une lointaine planète. Une obligation dont le réalisateur tire plutôt bien parti en accentuant l'aspect claustrophobique de son univers confiné même si le film se résume trop souvent à de longues courses poursuites dans les corridors de ces grottes de pierres. On sentira d'ailleurs assez vite l'étroitesse du script et des enjeux dans cette répétition de séquence durant lesquels les personnages se courent après pour combler un peu les espaces vides. Le rares scènes extérieurs seront tournées dans des paysages désertiques et habillées de filtres de couleurs pour faire illusion.
Norman J Warren souhaitait aussi un orchestre et une musique symphonique mais faute de moyens le compositeur John Scott se rabat sur une musique électronique en mode bon tant pis et bontempi très inspiré des scores de John Carpenter. La musique synthétique de Inseminoïd est parfois assez horripilante dans sa répétition mais la bande originale comporte aussi quelques très bon morceaux comme le formidable Sandy Kills . Et tout le film est un petit peu à la mesure de sa bande originale entre intentions louables et résultat décevant, entre ambitions et contraintes financières, entre gros ratage et petites réussites. Globalement Inseminoïd reste tout de même une série B assez correct et agréable même si l'interprétation globale n'est pas toujours d'une grande justesse, que les scènes d'action et de baston un peu molles manquent franchement de puissance et d'impact et que l'on sent parfois un petit côté remplissage dans ce qui se passe à l'écran. Parmi le casting on retiendra surtout la performance de Judy Gesson qui certes en fait souvent des caisses mais nous offre malgré tout des moments assez intenses et marquants comme son regard rempli de terreur et d'interrogation lors de l'insémination qui donne son titre au film ou ses déchirants hurlements de douleurs lors de la scène de l'accouchement. Petit détail amusant concernant le casting, on pourra voir au générique final apparaitre des noms et des visages qui sont pourtant totalement absent du film. Pas vraiment généreux sur ses débordements, Inseminoïd nous offre tout de même deux trois séquences sanguinolentes et surtout des créatures en latex bien poisseuses qui feront le bonheur des amateurs de cinéma Bis.
Inseminoïd confirme que Norman J Warren était un honnête artisan du cinéma de genre et de la série B qui tentait toujours de tirer le meilleur des maigres budgets lui permettant de tourner des films. Inseminoïd qui reste son film le plus connu récoltera même quelques babioles dans des festivals secondaires en Italie et au Portugal. Si en France 12 millions de personnes suivent un Norman qui fait des vidéos, on reste une poignée à aimer ce Norman qui faisait des films. Norman J Warren c'est souvent bis, c'est parfois Z mais c'est toujours assez réjouissant.