Alors que les frenchies Alexandre Bustillo et Julien Maury sont partis explorer les horreurs de l'Amérique profonde avec un nouvel opus de la saga "Massacre à la Tronçonneuse", un remake US de leur première (et meilleure) oeuvre "À l'Intérieur" pointe presque ironiquement le bout de son nez au même moment.
En 2007, "À l'Intérieur" a marqué les esprits avec sa violente confrontation entre une femme enceinte jusqu'aux oreilles (Alysson Paradis) et une prédatrice mystérieuse (géniale Béatrice Dalle), devenant même une de ces rares vraies réussites françaises du genre à atteindre le grand écran et à redonner espoir à tout un public (bon, on attend depuis une confirmation qui se fait désirer). Il était donc étonnant que la photocopieuse US ne se soit pas encore mise en marche à la senteur des quelques billets verts que pourrait rapporter un remake facile de cette bonne surprise.
Il aura fallu attendre près de dix ans mais c'est désormais chose faite avec "Inside" qui éveille néanmoins un peu d'intérêt grâce à tous les jolis noms qui l'accompagnent dans son sillage. En effet, voir un film français adapté pour le marché US par un des papes de l'épouvante espagnol (Jaume Balagueró) et dirigé par un de ces réalisateurs les plus prometteurs (Miguel Ángel Vivas, auteur de la claque "Sequestrados") ne peut que susciter un minimum de curiosité par ce melting-pot de nationalités toutes empruntes d'un style horrifique bien différent. Ajoutez à cela deux excellentes et trop rares actrices américaines en têtes d'affiche, Rachel Nichols et Laura Harring, et, hop, il n'en fallait pas plus pour se dire que ce "Inside" mérite au moins d'être visionné...
Il y a trois grosses catégories de remakes réalisés dans le seul but de séduire le public américain : les remakes réussis, les plus rares qui surpassent l'oeuvre originelle en s'en emparant et en en corrigeant les défauts, les remakes inutiles, assez courants et dont on en vient à se demander s'il ne vaudrait pas mieux éduquer les spectateurs américains à lire les sous-titres des films internationaux plutôt que de gaspiller des centaines de milliers de dollars pour en produire des versions US aseptisées, et, enfin, les remakes loupés, hélas les plus nombreux, où la gêne du public est au moins autant égale à celle de ceux dont la filmographie est contaminée par ces ignominies.
Pas déshonorant mais sans véritable raison pour justifier son existence, ce remake de "À l'Intérieur" s'inscrit clairement dans la deuxième catégorie. S'il est dur de se mettre à la place des spectateurs qui découvriront cette histoire à travers cette version anglo-saxonne, les aficionados du premier film du tandem Bustillo/Maury se retrouveront, eux, en terrain archi-connu.
"Inside" joue à fond la carte du copié/collé en ne proposant que de petites variations sans grand intérêt. Tout y est plutôt bien exécuté mais le remake a un mal fou à retrouver la partition percutante de "À l'Intérieur" qui, s'il proposait une intrigue minimaliste, en tirait le maximum par sa violence graphique et le meilleur par ses confrontations haletantes entre la prédatrice et sa proie. Ici, "Inside" a beau aligner les scènes marquantes de son modèle, le résultat s'avère toujours un cran en-dessous (étonnant, vu la tension impressionnante qu'avait su insuffler Miguel Ángel Vivas à son "Sequestrados"). Peut-être est-ce dû à une violence moins démonstrative, à une Laura Harring qui n'arrive pas à la cheville de la présence de Béatrice Dalle (elle représente néanmoins une proposition de menace différente et pas dénuée d'intérêt avec son look de desperate housewife) ou encore à une fin revue et corrigée en mode moralisatrice pour combler les attentes américaines (d'ailleurs, s'il y avait bien un point où ce remake pouvait briller c'était en corrigeant la fin, gros point faible de "À l'Intérieur", dommage c'est loupé) ? Au-delà de ces défauts, c'est peut-être aussi tout simplement le manque d'effets de surprise pour tous ceux qui auront apprécié "À l'Intérieur" vu le manque de propositions nouvelles et réellement pertinentes de cette relecture.
Mention passable donc pour ce remake et c'est un peu le minimum que l'on en attendait à la vue de tous les noms engagés dans ce projet dont on ne retiendra sûrement que la prestation convaincante de Rachel Nichols. Pour le reste, "Inside" n'est pas une fausse couche mais plutôt un nouveau-né cloné qu'on a envie de laisser dans l'orphelinat le plus proche.