On le répète sans cesse : il faut surtout ne rien lire ou savoir à propos de La cara occulta. L'originalité de ce thriller hispano-colombien s'émousse vite. Finalement, l'intérêt du spectateur est comparable à celui éprouvé devant n'importe quelle bagatelle de genre bien exécutée et sans prétentions supplémentaires. Le mécanisme fonctionne, mais la banalité de ses rouages et la prévisibilité des rebondissements montrent que le gadget ne suffit pas. En l’occurrence, il joue un rôle compensatoire, là où il devrait constituer un tremplin vers le dépassement.
La première partie tourne autour d'une idylle, bien écrite malgré des lourdeurs. Le démarrage est dissuasif et aux frontières du teen-movie télévisuel le plus las et grossier, toutefois les personnages gagnent en pertinence et le 'jeu' se met en place. On le devine à toutes ces 'évidentes ambiguïtés' et se trouve ainsi à prospecter en vue de former un puzzle dont on ne connaît encore rien de la finalité. L'hypothèse Barbe-Bleue est la plus 'techniquement' vraisemblable mais, dans l'expérience, on y croit jamais. La seconde moitié, généralement spoilée y compris par la promotion du film ou par les synopsis les plus sommaires, fait basculer du thriller tamisé au glauque naturaliste.
Elle permet de revenir sur tout ce qui s'est produit et de constater l'envers très terre-à-terre d'une façade « maison hantée ». L'oscillation entre hystérie et désespoir rend l'affaire très intense, malheureusement l'issue est précipitée. Andrés Baiz a concocté un tour malicieux, quelquefois magnétique, rechignant à raconter plus que son système ingénieux mais somme toute vite résumé. Lorsque l'enfermement s'est opéré, tout recours pour sauver la fille, mais aussi toute piste alternative sur la nature des événements, est évacué ; et pour autant, son enfer concret, dans sa cellule, est laissé de côté, puisque ne compte que l'interaction effroyable avec ses partenaires impalpables. Le langage formel de Baiz est sophistiqué, sa sémantique mesquine.
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