Il n’avait pas l’âme d’un meurtrier, il voulait juste connaitre le nom de celui qui avait fait ça. Et pourtant. N’est pas David Lynch qui veut, malheureusement. Inside Job est l’esquisse un peu brouillonne du travail narratif et visuel alambiqué des prochaines œuvres du grand réalisateur danois et laisse un gout amer devant une œuvre à l’atmosphère certaine mais à l’ambition fantasmagorique un peu vaine. Conduit par Hubert Selby à l’écriture, Inside Job déploie son récit sinueux multipliant les indices pragmatiques, qui malgré le mystère ludique qui encombre le film, permettent d’empoigner un thriller psychologique sous fond de conspiration. Nicolas Winding Refn travaille dans une logique de Série B mais prend son temps pour distiller un sens du cadre drastique. Un gros travail de montage, ses plans rallongés pour faire monter une tension énigmatique, une lenteur inquiétante, une froideur glaçante et menaçante, tout était déjà présent à l’époque même les longs travellings dans des couloirs rougeâtres comme le rappelait Only God Forgives. Inside Job diffuse son aura mystérieuse petit à petit faisant resurgir un sentiment un peu schizophrène, celui de voir un film happant mais à l’opportunisme pas forcément très bien dissimulé. Un peu comme un premier de la classe qui voudrait réciter devant son professeur son poème préféré appris par cœur la veille, Nicolas Winding Refn avec Inside Job, façonne un film au travail rigoureux mais qui manque terriblement de personnalité pour voir s’émanciper une once de bizarrerie dans un polar mutique qui voit un vigile de supermarché partir à la recherche du meurtrier de sa femme, assassinée dans le parking de ce dit supermarché, et incarné par l’obnubilé mais non moins inspiré John Turturro. L’ambition est là, l’équipe technique du film compte des noms ronflants comme Brian Eno à la BO ou Larry Smith à la direction photo. Malgré sa qualité évidente, le réalisateur se prend un peu les pieds dans le tapis en voulant se hisser au niveau de ses « maitres ». Peut-être trop sûr de son talent, Nicolas Winding Refn n’arrive pas réellement à trouver la recette magique utilisée par une œuvre telle que Donnie Darko pour s’extirper de ses influences nombreuses, notamment Lost Highway de David Lynch.