Ce film est sans nul doute le plus grand film de l’histoire du cinéma moderne. Cependant, afin de le démontrer, il convient d’y aller point par point.
Commençons par le script du film. Ce dernier est simple : il s’agit de notre Terre, dans une centaine d’année, détruite par ses habitants, et ne lui restant que quelques ressources capables d’accueillir la vie. Avec ceci, un héros malgré lui, chargé de sauver cette planète d’une fin proche, et qui essuiera tempêtes et rebondissements, pendant près de 3h de film, afin de trouver le moyen de sauver sa famille, ainsi que l’humanité toute entière. S’agissant des personnages, ils ne sont pas d’une grande originalité : un père veuf, ancien membre de la NASA parti à la retraite, en route pour sauver le monde afin de garantir la sécurité de ses enfants, une fille suivant les traces de son père dans le but de sauver l’humanité à son tour, puis un père et sa fille travaillant sur un projet salvateur de notre espèce depuis des années, et enfin, un scientifique égocentrique prêt à condamner l’humanité pour sauver sa peau.
Si on parlait ainsi de cette histoire, somme tout assez banale, personne n’en comprendrait sa renommée. Néanmoins, si l’on prête attention aux détails que Nolan ajoute à ce film, et que je vais développer dans la seconde partie de cette critique, on comprend aisément en quoi ce dernier représente un des plus grands chef d’œuvre du cinéma moderne.
Débutons simplement, par l’image. On sait tous que Nolan nous a habitué à de sublimes films, visuellement parlant, et aucun ne peut déroger à cette règle ; Interstellar encore moins. Que ce soit lorsque la navette se déplace dans l’espace, ou lorsque que nos protagonistes foulent le sol (parfois l’eau) de ses planètes imaginées, sa façon de les représenter dépasse l’imaginable. Nolan est un génie du visuel, et manie la beauté de l’image comme Victor Hugo maniait la beauté des mots.
Pour poursuivre, comment pourrait-on outre-passer la maîtrise musicale que nous offre Hans Zimmer dans cette réalisation. Lui qui ne déçoit jamais, nous propose une bande son qui dépasse le réel. Le Thème est simple, mais reste en tête, et sublime l’audition à chaque écoute. C’est là que l’on se rend compte qu’un chef d’œuvre ne peut naître que d’une rencontre entre un génie du son et un génie de l’image. S’ajoutant aux musiques, les sonorités offertes par ce film nous agrippent jusque dans la poitrine. La traversée de la navette dans l’espace est accompagnée d’un silence qui nous plonge dans cet endroit si loin et si perdu, procurant un calme que jamais notre planète n’égalera.
Continuons avec une fin remarquable, qui n’a, pour moi, jamais été égalée dans le cinéma moderne. Cette fin nous amène à nous poser de nombreuses questions. Comment s’est-il retrouvé dans cette nouvelle dimension ? Est-ce l’objet d’une intelligence supérieure ? S’en est-il vraiment sorti, sauver, on ne sait comment ? Est-il mort, voyant ce qu’il aurait toujours voulu voir : sa fille, en vie, entourée de sa famille, qu’elle aurait mis une vie entière à fonder ? De nombreuses théories viennent expliquer cette fin, comme celle de l’EMI (Expérience de Mort Imminente) désignant des visions ou des sensations exceptionnelles vécues par des personnes confrontées à leur propre mort. Cette théorie pourrait expliquer un tas de choses, mais une question resterait en suspens : comment aurait-il pu prévenir Murphy des années avant ? C’est là que le génie de Nolan intervient ; il y aura toujours des questions sans réponse à la fin de cette histoire, et c’est ce qui en fait son talent.
Ensuite, pour comprendre la virtuosité de cette œuvre, il faut un second visionnage. Ce dernier amènera à comprendre de nombreux éléments : comme la nature du fantôme de Murphy, les visions de Cooper dans la navette ou encore la mort ou non de ce dernier. En effet, c’est le docteur Mann qui lui disait que quand il mourrait, il verrait ses enfants. Un discours qui amène à se demander s’il est vivant, ou s’il ne se trouve que dans une vision.
Pour finir, allons au-delà du film, et prenons du temps pour comprendre les sujets essentiels abordés dans cette réalisation. Premièrement, ce film nous fait réfléchir sur l’avenir de notre planète, ainsi qu’à celui de notre espèce sur son sol. Cela fait des années que l’homme détruit son foyer et cela pourrait bien nous retomber dessus d’un jour à l’autre. Ensuite, ce film nous montre le temps qui passe, que nous ne sommes que des passagers sur une Terre présente depuis la création de notre Univers. La vie est courte et tâchons de ne pas la gâcher pour des futilités. Enfin, ce film est également scientifique. Il nous en apprend plus sur la loi de Murphy, ainsi que sur les données que l’Homme ne connaît toujours pas et ne connaîtra peut-être jamais ; l’intérieur d’un trou noir.
Ce film est un chef d’œuvre ; pas pour son histoire, mais pour sa manière de la mettre en scène. Il attache, émeut, énerve et fait réfléchir. C’est un renouveau dans un cinéma moderne qui, depuis quelques années, s’était endormi.
Ici vous pouvez spoiler !