Christopher Nolan prouve une fois de plus qu'il est un cinéaste du substantiel, du physique : après l'onde électrique de la magie dans The Prestige et le rêve comme outil d'espionnage dans Inception, c'est la quantification illimitée de l'amour qu'il vise avec Interstellar, son film le plus ambitieux et le plus touchant. Sous l'influence évidente de Kubrick, Nolan fond habilement l'absence totale de didactisme des données scientifiques avec la puissance radicale des émotions des personnages, ne nous faisant jamais perdre le fil du récit dans sa minimisation des scènes d'action. Passons outre les incohérences et naïvetés, ce n'est visiblement pas l'ossature qui importe le plus pour le réalisateur, mais l'âme à l'intérieur. Au-delà du temps et des espaces, sous la sublime incantation aveugle des orgues de Zimmer, nous nous retrouvons éblouis et essoufflés par le simple mais solide vecteur entre l'humanité enterrée et l'éternité des astres, les étroits vaisseaux suintants et les fils pantomimes des dimensions. Accompagné d'acteurs à la performance poignante, Nolan plonge avec brio dans la S-F, réaliste et symbolique, arrachant de l'immensité spatiale une idée du cœur de l'Homme : l'infinité, universelle et toute-puissante, semblable à celle des grains de poussière, à celle des étoiles de la galaxie. Interstellar est une intense épopée de l'émotion, où derrière de vrais moments de cinéma se cache l'œuvre la plus humaine de son auteur.
MaximeMichaut
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le 6 nov. 2014

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