La relativité pour les nuls©
Est-ce que c'est parce que j'en attendais trop? Est-ce que c'est parce que partout j'ai lu les commentaires sur les clins d’œil (exagérément appuyés) à 2001? Toujours est-il qu'au final j'en sors déçu.
J'aurais du me méfier, je ne suis déjà pas un grand fan des Batman de Nolan, Inception était bien mais surévalué, Mémento OK.
(attention ça spoile grave après)
Les bons points :
- les plans spatiaux (l'arrivée vers Saturne, l'approche du trou de ver, du trou noir)
- la musique (bien que parfois trop présente)
- c'est un film de SF, je ne vais pas faire mon difficile non plus
- l'apparition surprise de Matt Damon
- le design de TARS (les robots monolithes)
- les clins d’œil appuyés à 2001 (les transitions entre scènes, la tentative d'ouverture du sas du vaisseau par Matt Damon, le silence de l'espace, le voyage dans le trou de ver, les robots... monolithes)
Les points négatifs :
- un introduction longue et ennuyante à mourir, remplie de scènes inutiles et inexploitées (la capture du drone, les robots-moissonneurs qui buggent)
- les clins d’œil APPUYÉS à 2001, on sent vraiment trop la volonté de revendiquer son héritage alors que...
- le film est trop, trop, TROP bavard. On passe son temps à expliquer, décrire, décortiquer les théories essentielles de la relativité et de la topologie quadridimensionnelles. Alors ok, le public n'est pas forcément au courant de tout ça, mais au bout de 4 fois de "tu sais 1h sur cette planète c'est tant 7 ans pour celui qui reste dans le vaisseau", je pense qu'on a compris... Pour moi c'est vraiment le gros point négatif du film, car ça retire tout charme, tout mystère, au récit pourtant extrêmement linéaire.
On a le sentiment que Nolan n'assume pas de faire un film pseudo-intello. Ce faisant, il annihile toute part d'imagination, d'interprétation. Il ne reste à la fin du film quasiment rien en suspens (lisez Universal War : One pour comprendre ce que c'est une VRAIE histoire de voyages dans le temps et l'espace et des implications complexes que ça peut avoir).
- la froideur avec laquelle est traité ce qui est pourtant le point nodal du film : la relation Cooper/Murphy. A aucun moment je n'ai ressenti d'empathie dans les scènes tire-larmes. (à confirmer après un visionnage en VOST par contre, la VF et ses voix de canard n'arrange pas trop je pense)
- d'ailleurs on ne comprend pas trop avec quelle précipitation il accepte la mission qu'on lui assigne façon lot gagné à la fête foraine ("tiens je suis passé par là, si je veux sauver l'humanité? ah oui, ok banco!")
- et un autre point lié aux deux précédents : le discours général sur l'amour comme hypothétique force unificatrice ou cinquième dimension liant les autres. Mal amené, pas convaincant dans sa présentation et au final pathétiquement énoncé par Brand (Anne Hathaway) vers la fin du film.
Je pense que c'est une grossière erreur que de vouloir comparer ce film à 2001 tant le contenu comme le contenant en sont éloignés. Il est question ici d'une histoire humaine de lutte pour la survie de son espèce, d'une aide d'un hypothétique allié futur sur fond de pseudo hard science pour les nuls© quand 2001 narrait l'évolution de la vie intelligente sur notre planète chaperonnée par des entités cosmiques toutes puissantes d'une manière lyrique et nous gratifiant d'une scène finale époustouflante (bien qu'elle accuse un peu son âge aujourd'hui).
Et pourtant, vues les références affichées par Nolan, difficile de se dire qu'il ne veut pas qu'on compare les deux et là c'est l'échec total à mes yeux.
Alors que si on ne prenait son film que comme un space road movie garni d'un scénario plus élevé que la moyenne (coucou Gravity) il aurait à mes yeux bien mieux fonctionné.