En 2067, l’humanité se meurt. Une terrible maladie détruit les cultures et tue la population. Les hommes, résignés sur leur destin, ont arrêté toute recherche scientifique, notamment l’exploration spatiale. Cooper, ancien pilote de la Nasa, s’est reconverti en fermier comme beaucoup d’autres. Pourtant, une installation secrète de recherche astronomique a découvert un trou de ver proche de Saturne. Ce passage, théoriquement impossible à maintenir aussi longtemps, permet d’apercevoir d’autres portions de l’univers normalement inaccessibles. Il est donc possible de partir à la recherche d’une nouvelle planète pour accueillir l’humanité. Cooper ainsi que d’autres astronautes décollent en vaisseau spatial pour traverser le trou de ver et explorer l’espace. Trois planètes sont sélectionnées par des modules séparés. Mais les aléas de la gravitation et surtout du temps relativiste laissent de nombreuses surprises aux astronautes.
Christopher Nolan signe ici une œuvre étrange. Techniquement, Interstellar est un film très proche de la réalité astrophysique. Seules les séquences du trou noir sont volontairement fausses, car aucune lumière ne devrait normalement en sortir, mais il fallait quelque chose à l’image. Le scénario décrit intelligemment une fin du monde lente, morne, avec une humanité fatiguée, fataliste et désabusée sur ses propres réalisations. La condamnation des hommes, portée par Michael Caine, n’est à mon sens pas assez explicitée, et aurait dû être partagée par d’autres personnages pour expliquer le comportement du vieux professeur.
Seul le passage avec Matt Damon, s’il est très humain, est cinématographiquement parfaitement déplacé. On est dans un film scientifique avec des mystères métaphysiques, et ces scènes d’actions ne servent à rien, sinon à ajouter du drame gratuitement. C’est d’autant plus dommage que le film est déjà long et complexe.
Le casting, en revanche, est ultra foireux. Non pas que les acteurs soient mauvais, loin de là, mais ils ne correspondent simplement pas à leur personnage. Matthew McConaughey campe un camionneur absolument pas crédible en pilote (mince, même Tom Cruise aurait été plus indiqué). Anne Hathaway, avec ses grands yeux larmoyants, ne convainc pas non plus en astronaute chevronnée. Matt Damon est tout nu sans mitraillette ou épée. Bref, une équipe plus calme et plus intellectuelle aurait été bien mieux indiquée.
La narration est intéressante même si elle est avare en explications. Comme souvent dans les œuvres de Nolan, fan de scénarios temporels, le spectateur doit s’accrocher pour jongler avec une histoire qui interagit avec elle-même. Le réalisme de la technologie et des comportements physiques est gâché par des drames humains un peu trop appuyés, et laisse un goût indéfinissable pendant le générique. Le film est bien, certes, mais se positionne mal. Ma foi, Nolan hésite. Ça arrive aux plus grands.