Dans un futur non déterminé, la terre, entre poussière et famine, est bien mal en point et certains scientifiques la prédisent même inhabitable pour l'humain d'ici quelque temps. C'est alors que le projet de monter un groupe d'explorateurs pour rechercher une planète habitable prend forme et se met en place... D'abord entre les mains de Steven Spielberg, Interstellar arrive dans celle de Christopher Nolan, qu'il réalise, produit et co-écrit avec son frère. Un projet bien ambitieux, de par son sujet, les thèmes qu'il aborde, l'exploration de l'univers ou encore les différentes sensations qu'il a l'occasion de véhiculer.
Nolan prend son temps pour d'abord présenter le contexte de cette terre de plus en plus malade ainsi que de ses personnages, centrés autour d'une famille et notamment le père et sa fille. En plus de découvrir ce futur inquiétant, c'est aussi sur l'humain et la société qu'il montre ses inquiétudes, où on oublie d'ou l'on vient et que les rêves et l'espoir sont mis de côté. Peu à peu il met le projet de recherche de nouvelles planètes en place avant de nous faire voyager dans l'espace, tout en mettant régulièrement en contact/parallèle, la terre et l'univers. C'est lorsque le film arrive dans l'espace qu'il prend réellement de l'envergure et toute son ampleur, la partie terrestre ayant surtout pour but de nous intéresser puis attacher aux personnages ainsi que pour découvrir le sort de la terre.
C'est finalement là que j'ai pu pleinement profiter du voyage proposé par Nolan, alors qu'une première vision m'avait un peu plus laissé sur ma faim. C'est vraiment sur l'exploration, l'émerveillement et l'émotion que le metteur en scène de Memento insiste et ça marche, alors qu'il m'avait, dans le passé, déçu sur ce point-là. On s'attache très facilement aux personnages et surtout Cooper (brillamment interprété par McConaughey d'ailleurs) et Nolan arrive à nous faire passer par toutes sortes de sentiments, que ce soit via le rapport père/fille ou la découverte de l'univers. Plusieurs bonnes idées viennent peu à peu truffer le récit, à l'image du robot accompagnant le groupe qui permet à Nolan de donner une touche parfois plus légère voire humoristique au film qui est plutôt bien maitrisée.
L'aspect scientifique n'est ici guère important, Nolan se concentrant vraiment sur le voyage et le côté science-fiction, mais il aborde tout de même plusieurs thématiques allant de l'hypothèse de l'extinction de la terre comme habitat de l'homme jusqu'à certaines valeurs humaines ainsi que l'homme face à son destin et les choix qu'il doit faire. La partie dans l'espace et la découverte des planètes représentent de vraies réussites, visuellement superbe (que ce soit l'espace ou les planètes) mais aussi par la tension qu'il arrive à instaurer lors des moments propices. Il joue avec le rêve des spectateurs et la découverte de l'inconnu, tout en restant régulièrement braqué sur le personnage principal et c'est tant mieux.
Néanmoins, si plusieurs points m'avaient vaguement laissé de marbres lors de ma première vision, ils sont toujours présents bien qu'ils ne soient pas préjudiciables pour pleinement profiter du voyage. Je reste toujours légèrement déçu par la finalité du récit ainsi qu'un Nolan légèrement trop démonstratif dans certains thèmes abordés, surtout l'amour et l'espoir. Malgré cela (auxquels on peut rajouter le personnage d'Anne Hathaway qui est assez mal exploitée), il fait preuve d'un véritable savoir-faire, tant dans l'histoire, que sa mise en scène, la manière de la conter ou encore son utilisation de l'excellente bande-originale et des effets spéciaux, donnant une vraie force et puissance à l'oeuvre.
Finalement, et en faisant facilement abstraction de certains points légèrement décevants, j'ai pu pleinement profiter du voyage proposé par Nolan où ce dernier donne une vraie puissance, de l'émotion et une atmosphère à son oeuvre.