Il faudrait, avant de pouvoir critiquer le film, éclaircir les choses notamment sur cette question que tout le monde se taraude : est ce que Interstellar vaut 2001 ? Parce que cette question n'a pas lieu d'être, on dit beaucoup que Nolan ne fait que copier le style de Kubrick, qu'il s'approprie sa mise en scène etc... Sauf que l'ambition de Nolan est, et là, je prends ces mots, de donner aux enfants devant Interstellar les mêmes sensations qu'il avait pu avoir devant 2001, il ne s'agit pas ici de copier, de s'approprier un style pour jouer au plus malin; car il faut voir Interstellar comme la tentative d'un réalisateur de partager sa propre passion, ses propres émotions.
Quant au film en lui même, je ne pense pas trop m'avancer en disant qu'on a là le blockbuster de l'année ( en même temps, c'est pas comme si il y avait beaucoup de concurrence).
Il y a une vraie cohérence dans les thématiques abordées, malgré le script très ambitieux, Nolan arrive à garder la tête froide et ne s’éparpille pas dans tous les sens. Interstellar parle de la foi, de la croyance que l'être humain porte à sa propre condition et tous les autres thèmes tournent autour de ça (l'amour, le dépassement de soi, l'espoir, la survie, la promesse, le sacrifice...). C'est un film qui place beaucoup d'optimisme dans l'être humain, dans sa capacité à se dépasser et c'est ce qui fait la beauté du film et son athéisme.
Le principal reproche que je ferrai au film, c'est son bavardage car oui, on parle beaucoup de relativité restreinte, de gravité, de physique quantique et c'est pas vraiment passionnant. Du coup, on a des scènes qui viennent casser le rythme du film et compliquer l'ensemble de l'histoire même si on peut apprécier cette dernière sans pour autant la comprendre. Et, les personnages sont aussi un peu froids ( c'est le cas de presque tous les films de Nolan) même s'il n’empêche que l'émotion s'échappe de certaines scènes parce que l'une des grandes forces du film, c'est de toucher à l'infiniment grand et à l’infiniment petit, de faire de cette odyssée cosmique, un film intimiste et personnel.
Quant à la mise en scène, elle fait parfaitement corps avec la B.O ( Hans Zimmer signe là sa meilleur composition depuis le Roi Lion où La Ligne Rouge) mais, malgré la lyrisme de certaines scènes, la beauté qui s'en dégage, on atteint pas encore un niveau d'excellence faisant passer Interstellar pour un chef d'oeuvre.
Néanmoins, Interstellar est un film magistral et majestueux, d'une beauté indéniable, tant dans la forme que dans le fond et qui peut être placée parmi les œuvres majeures du cinéaste. C'est aussi la quintessence du cinéma hollywoodien d'il y a 50 ans mais qui aujourd'hui n'est plus, lui empruntant tout ce qui a fait sa richesse et sa force, Interstellar est par contre destiné à devenir intemporel.