SANS SPOILER !
Au sortir de l'avant-première française je dois bien avouer ne pas trop savoir où j'en suis. Affirmer que j'ai pris une grosse claque serait bien trop restrictif ! Aucun film auparavant ne m'avait scotché à tel point à l'écran ni coupé le souffle comme l'a fait Interstellar.
Ma critique ne s'attardera pas à décortiquer le scénario (ou comment gâcher le plaisir des lecteurs qui n'ont pas encore vu le film) mais plus à exprimer mes sentiments sur l'oeuvre magistrale à laquelle il m'a été donné d'assister !
Nolan nous dépeint une planète terre ne pouvant plus assurer les besoins de tous les hommes qu'elle porte et qui à bout de souffle s’apprête à rendre son dernier soupir... Postulat peut réjouissant et pourtant si réaliste, si proche de nous qu'il en devient terrifiant puisqu'il nous met face, non pas à une chimère mais à notre futur. Or l'Homme n'a pas dit son dernier mot... comme toujours il s'efforce de survivre, à la fois sur terre mais aussi dans l'espace par le projet fou d'explorer et de coloniser des planètes semblables à la Terre mais si éloignées qu'elles ne sont pas directement accessibles. Et c'est là que réside le cœur du film ! Nolan ne se contente pas de nous montrer un vaisseau parcourant des millions d'années lumières au travers d'étoiles étirées à la Star Wars mais par le biais d'un trou de ver, remettant au goût du jour la théorie de la relativité (avec un réel soucis pédagogique) et de ce qu'elle implique sur le temps, l'espace et l'influence de ceux-ci sur les hommes !
C'est notamment ce rapport au temps qui permet à ce film d'être avant tout un film sur l'Homme, sur ce qu'il est et sur ce qu'il peut accomplir de sacrifices et d'exploits malgré sa petitesse et sa courte vie dans l'univers infini !
J'arrête donc comme promis ma description de l'intrigue faute d'en dévoiler les clefs et les secrets...
Ce qui m'a frappé c'est la capacité de Nolan a fondre son film dans le vaste univers que représente la Science-Fiction par les influences reçues et les adaptations qu'il a faite des monuments de la S-F (De Kubrick à Asimov).
En prenant le meilleur partout sans pour autant plagier Nolan nous offre un film des plus frappant tant sur son thème que sur ses images époustouflantes. Images d'ailleurs accompagnées d'une bande son magnifique signée Hans Zimmer.
C'est donc un film multidimensionnel que l'on vit, car on le vit, par la maîtrise totale de tous les éléments. Nous ne sommes pas avec les personnages, nous sommes les personnages et ce qui les touche est si près de nous qu'on ne peut que ressentir leur tristesse, leur désarroi, leurs pincements de cœur... Chacun y trouvera quelque chose car on ressort avec autant de questions que de réponses. C'est pourquoi ce film n'est pas qu'un film de S-F parmi d'autres. On ne peut nier la parenté avec 2001 l'Odyssée de l'espace, mais là ou ce dernier peut laisser place au désarroi ou à des surinterprétations Interstellar touche par sa justesse et nous emmène par des chemins détournés et croisés à un endroit bien précis.
Pour terminer il est important de saluer la performance des acteurs, notamment Matthew McConaughey dans un rôle taillé sur mesure et à sa mesure !
Je ne peux savoir si cette modeste critique donnera envie d'aller voir ce film aux sceptiques ou à ceux qui ne sont pas habituellement des amateurs de Science-Fiction mais je le répète ce n'est pas que cela. Il serait un peu fort de dire que ce film est un film sur l'avenir mais au-delà de la fiction c'est une leçon, il permet en effet de nous ouvrir les yeux sur l'état actuel de notre planète, de ses ressources et de la place de l'Homme dans ce système qui pour l'instant fonctionne encore... mais jusqu'à quand ? Quelles seront nos solutions à l'avenir ?
Si malgré tout cela vous n'êtes toujours pas convaincu alors il ne me reste qu'à prendre un angle pessimiste pour vous dire que lorsqu'il sera trop tard, qu'il n'y aura plus de solutions et que vos derniers espoirs se seront envolés vous pourrez toujours regretter de ne pas y avoir pensé plus tôt, de ne pas être aller voir ce film et vous pourrez toujours crier MAIS rappelez vous que "Dans l'espace personne ne vous entendra crier" !