Alors voilà. Franchement, voilà. (OUAIIIIIS !)


Pardon, je n'ai même pas commencé que ça part déjà en sucette. Bon, Interstellar, j'ai essayé d'éviter de m'en faire une idée avant de l'avoir vu. Ce que je n'ai bien sûr pas réussi à faire. Et c'est donc en m'attendant à voir un film un brin prétentieux, pseudo philosophe, pas trop bourrin, divertissant, parfois lourd, sûrement long, mais pouvant apporter de bonnes surprises, que je suis rentré dans la salle de ciné. Finalement, on peut dire que mes attentes ont toutes été plus ou moins confirmées.


Alors, il y a beaucoup de choses nœud-nœud, si j'ose dire. A commencer par ces histoires de cinquième dimension, de relativité temporelle, et de papa fantôme. A défaut de réellement m'énerver, ça m'a fait tiquer, ce qui n'est jamais très bon. Seulement voilà, passe encore, j'excuse.


Mais ce n'est pas tout. L'ambiance omniprésente est lourde, comme prévu. Trop lourde. Nolan fidèle à lui même de ce côté, en pire. Trois heures de violons en continu, c'est très vite rébarbatif, on finit par vouloir tuer le premier luthier qui aurait le malheur de passer par là. Zimmer, je n'ai pas vraiment quelque chose contre lui, sa partition est plutôt correcte et colle au propose sans être comparable à du Williams, mais quand elle tourne en boucle comme ça, à nous assommer d'épique et d'héroïsme, on regrette presque que l'Homme ait inventé l'oreille.


Le film souffre aussi de quelques problèmes de narration, notamment dans le rythme. Des scènes qui pourraient être écourtées sont rallongées, alors que d'autres, trop courtes, mériteraient qu'on y prête un peu plus d'attention. C'est dommage, pour un film qui dure si longtemps. Les ellipses sont un peu bancales, on perd la notion du temps qui passe... je me doute bien que c'est parfois voulu, mais il se trouve que ça ne fonctionne que parfois, justement.


Après, il n'y a pas que des défauts, bien heureusement. La première qualité étant la présence de Matthew Mc Conaughey au casting, qui ne cesse de nous livrer bonne performance sur bonne performance depuis Mud. En fait, même lorsque le film ne m'intéressait plus, l'ami Matthew parvenait à me faire revenir dedans. C'est marrant comme l'idée qu'on s'était fait d'un acteur peut changer subitement. Le reste du casting est un peu en dessous, mais c'est quand même du très correct.


Ensuite, Nolan, malgré ses lourds tics de réalisation, continue à ne pas vouloir nous en mettre plein les yeux à l'aide de moult explosions. Bon, l'action est bizarrement dosée, on passe du très calme à un soudain pic d'adrénaline, très bref, suivi d'une autre séquence de calme... Au moins, ça nous évite le kitsh à outrance, les effets numérique qui en mettent plein les yeux et les cadrages douteux. Le ton reste à peu près sobre tout le long du film et c'est tant mieux (excepté la musique, bien entendu). Nolan n'essaye pas de nous mettre de la poudre aux yeux, ce qui est fort louable. C'est certainement ce que j'apprécie le plus chez ce réalisateur.


Sinon il y a un robot est très moche, mais il est rigolo, ça permet au film de ne pas s'enfoncer dans un ton trop sombre et trop sérieux qui aurait pu tout gâcher.


Ensuite, j'avais parlé de réflexion philosophique. Je m'attendais à quelque chose de profondément stupide, mais non, en fait ça ne m'a même pas énervé. La relation père-fille qui constitue le squelette du film n'est pas trop chiante, parfois un peu exagérée, mais le résultat est presque intéressant. Là encore, c'est certainement grâce à l'ami McConaughey qu'on ne tombe pas totalement dans le cliché américano-moralisateur auquel on a droit d'habitude.


Dans le fond, les héros sont des faux héros, ils se retrouvent impuissants devant ce qu'ils ont décidé d'entreprendre. J'ai apprécié le fait que les sacrifices qu'ils ont effectués se concluent par un échec. Bien sûr, le semi-happy end de la fin gâche un peu ce côté là, mais que voulez-vous, c'est Hollywood. Les différents points de vue sur la manière de sauver le monde, ou plutôt l'humanité, sont également intéressants : sauverez-vous le monde par égoïsme pour vous et vos proches, ou le ferez vous pour une cause bien plus abstraite, c'est à dire la transmission d'un patrimoine génétique? Le jugement des protagonistes sera mis à mal lorsqu'ils seront confrontés à cette question, lourde de conséquences.


Le film dure trois heures, et, malgré les quelques problèmes de rythmes cités plus haut, on ne s'ennuie pas trop. Certains passages sont un peu longs, pas très utiles, voire parfois un peu irritants, on s'attend à certaines scènes, on n'est pas toujours plongé dans cet univers, mais c'est divertissant, un peu stupide parfois, mais divertissant. Je vous le dit, mais c'est un secret : je me suis même surpris à être emballé devant certaines scènes faciles, téléphonées et larmoyantes. Là encore, la faute de Matthew et son interprétation. C'est la deuxième fois que Nolan laisse un acteur porter son film.


Esthétiquement c'est sympa, sans plus : trente secondes de Gravity surpassent cent-quatre-vingt minutes d'Interstellar haut la main de ce côté là. Je dis Gravity, parce que c'est le film dans l'espace qui est sorti à la même période il y a un an, mais il y beaucoup d'autres exemples, croyez moi.


En fait, Interstellar, sans ses conneries quantico-temporelles à deux franc six sous, sans un postulat sous-jacent stupide et sans ces réflexions un brin cul-cul sur la place de l'homme dans l'univers, aurait pu être un très bon film. Dommage.

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le 29 nov. 2014

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KoalaLeNicolas

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