Quand le silence devient une menace...
Ce cher Nolan est un être plein de surprises. Je pensais le "connaître" dans le sens où je croyais avoir cerné son style ou du moins des sujets récurrents dans sa filmographie. C'était sans doute vrai jusqu'à ce film qui, selon moi, fait entrer Nolan dans la cour des très grands: de ces réalisateurs qui savent se renouveler sans cesse et qui offrent au public le privilège de le redécouvrir à chaque oeuvre!
Je trouve que tous les choix faits par le film sont intelligents: des personnages qui pour la plupart ont des têtes "passe-partout" aux situations qui ne mettent pas en exergue un héroïsme acharné. Bref, j'ai adoré et je vais tenter de vous faire comprendre pourquoi (à partir de ce point, je ne garantis pas l'absence de spoilers)!
Le premier vrai bon point de ce long métrage c'est la gestion de la communication préalable par Nolan. Je m'attendais à une fable écologique, j'ai eu droit à des réflexions astrophysiques sur la relativité du temps. Les bandes-annonces n'annonçaient finalement rien de ce qui nous attendait et c'est fabuleux. On entre dans le film vierge de tout à-priori et de tout semblant d'histoire ébauchée!
Ensuite, Nolan genre son espace comme personne. D'une part sur Terre, où il nous fait sentir à chaque minute que l'étau se ressert et que tout le monde est condamné et d'autre part dans l'espace sidéral où il nous fait perdre tous nos repères. Les personnages n'ont plus la gravité comme guide et nous, spectateurs, comme eux, nous ne savons plus distinguer le haut du bas puisqu'ils n'existent plus!
La performance des acteurs est aussi à souligner. Ils vivent leurs personnages, sans jamais chercher à en faire des héros. Ce sont de tout petits êtres perdus dans un univers bien trop vaste pour eux!
Enfin, le point qui a le plus retenu mon attention: le thème de fond et la trame de l'histoire. Ou comment expliquer à des néophytes la théorie de la relativité générale d'Einstein sans jamais les perdre... ou presque! Nolan reste qui il est et il ne peut pas s'empêcher par-ci par-là de nous faire comprendre que nous n'avons pas tout saisi et que ce qui est n'est pas toujours ce qui semble être!
Si je résume donc ma pensée: j'ai adoré ce film mais j'ai finalement peur de le revoir tant je redoute que ces 3h ne soient finalement qu'une vaste démonstration d’esbroufe, finalement plutôt creuse (comme Inception selon moi)!
Mention spéciale: A Michael Caine, parce qu'Alfred. Au silence, qui m'a fait bondir dans mon siège. A Matt Damon, intelligemment utilisé à contre-emploi (même si je ne le sentais pas dès le départ). A Nolan. A la vie!