Dans la salle, on m'entendra crier
Première critique, en commençant par un film de Nolan, autant dire que je vais devoir tempérer mes propos.
Passons l'étape du sempiternel synopsis, le film étant assez louangé, nous le connaissons tous. Pour ma part, je vais être beaucoup moins dithyrambique à son sujet.
Tout de suite, là où le bat blesse, c'est que les bandes-annonces nous faisaient miroiter une merveilleuse épopée dans l'espace, mais qu'il n'en n'est rien. En effet, ici le réalisateur s'est évertué à placer ses dialogues pompeux en veux-tu en voilà quitte à nous ennuyer ferme. Vous avez envie de vous émerveiller devant un joli film ? Allez voir ailleurs, l'espace est dans cette œuvre reléguer qu'à un simple élément scénaristique. Vous voulez en apprendre plus sur le sujet ? Alors lisez des bouquins de physique. Interstellar est un mauvais hybride.
Pire encore notre cher Christopher nous caresse dans le sens du poil en livrant une œuvre "intelligente" dans le seul but de ravir l'égo surdimensionné du spectateur lambda en quête de réalisme. Tirer délibérément sur des ficelles bien trop grosses pour donner l'illusion de ne pas être pris pour un con et ainsi mieux faire accepter le film, c'est sacrément paradoxal. Je préfère encore me complaire dans mon ignorance. Interstellar nous prend pour des andouilles.
Et puis c'est quoi cette réalisation ?! Cet excès de gros plans... "Satiété engendre démesure". Nous avons du mal à nous repérer tout le long de l'histoire, on gagnerait à avoir plus de plans larges, ne serait-ce que pour mieux visualiser ce qu'on a sous les yeux. Alors on pourrait se dire qu'à partir de la mise en orbite de l'équipage, ce serait une façon de nous donner l'impression d'être confiner dans l'espace (pourquoi pas). Mais la théorie serait factice. À même la terre ferme le problème subvient. Interstellar est mal filmé.
Et même au-delà de ça, l'aventure n'est pas palpitante. [début du spoiler] Nous découvrons 3 planètes : aquatique, rocheuse et désertique. Rien de fantasque en perspective, elles se révèlent toutes proprement linéaires. Comme si ça ne suffisait pas, l'escale à chaque fois est très succincte, trop. [fin du spoiler] Interstellar n'est pas aussi ambitieux qu'il veut bien nous le faire croire.
Les personnages sont creux (excepté en partie Cooper) , déshumanisé, dénué de toute personnalité. C'est bien simple, celui qui sonne le plus humain dans l'histoire reste encore l'automate en leur compagnie. Ils ne montrent aucun signe de faiblesse, pas de remise en question alors qu'il y'a amplement matière pour et même quand ils sont censés être sous le coup de l'étonnement, ils ne sont pas plus marqués que ça par le poids des événements. Ils ne font, disent et développent que ce qu'il sert au scénario. Interstellar a des personnages qui sont résumés par leurs fonctions.
Après bien entendu tout n'est pas à jeter. Les nombreuses similitudes avec 2001' ne sont pas pour me déplaire, le scénario est certes basique mais efficace, les acteurs jouent bien les blocs rigides dépourvus d'émotion et la composition de Zimmer est détonante tout en se prêtant correctement aux images montrées.
Chef d'œuvre ou film surestimé, tout le monde verra midi à sa porte. Pour ma part en tout cas : Interstellar est un film décevant.
Des étoiles dans l'espace à défaut d'en avoir pleins les yeux.