Lou bloom, homme froid et désincarné ne sait guère quoi faire de sa vie. Un beau jour (ou plutôt une nuit macabre), après avoir revendu des métaux en guise de matière première et subtiliser la montre d'un gardien de la loi, il est témoin d'un événement qui le marquera : Un "nigthcrawler" répondant au prénom de "Joe" (et joué par Bill Paxton; Titanic, Alien 2...) sur place filmant un accident de la route. Le bougre gagnant plus que convenablement sa vie pour un travail fourni ma foi pas si conséquent, il n'en faut pas plus pour attirer notre cher Lou, avide d'argent au possible.
C'est sur ce pitch que Nightcrawler... Non "Night Call" est le titre français... Pas si français que ça, on va dire "L'appel de la nuit"... Oui, mais ça correspond plus tellement au titre originel... le film débute !
Nous allons donc suivre les péripéties de Lou dans un monde où grâce à l'essor des nouvelles technologies, l'information est devenue très facilement relayable .
Le fait divers est une mine d'or et il est bien décidé à gagner sa part du gâteau.
Alors Lou se procure de quoi capturer la vie (quand ses acteurs de substitution s'apprêtent à la perdre) et se lance dans la course. Capter les fréquences de la police, embaucher un employé un peu neuneu sur les bords en grande détresse budgétaire (dans nos derniers retranchements, nous sommes prêts à tout parait-il) et l'exploiter, éliminer la concurrence, fricoter avec son supérieur hiérarchique et profiter de ses faiblesses pour vite se rendre indispensable ; tous les coups sont permis sur la planète du Hollywood télévisuel. Lou veut être le plus prolifique possible et va s'en donner les moyens. Et même si au début, il va rencontrer quelques difficultés (parce que Lou, il sait tout, mais en réalité, il ne sait rien), il saura s'acclimater en redoublant d'efforts pour être une nouvelle fois spectateur de la mort.
Après le "Loup de Wall Street" voici "Le Lou de L.A" HAHAHAHA ! C'était nul, passez-moi une corde.
Plus sérieusement. En premier lieu, ce qui est appréciable, c'est que jamais le film ne tranche. Il dénonce, mais ne moralise pas, tout comme Lou capture ses proies, mais ne juge à aucun instant. Il est certes montré comme un individu décalé mais de là à être un psychopathe notoire pour autant, non.
Mais, il dénonce quoi le film au juste ?
4 axes :
- Ces fameux "nightcrawler" qui mettent de coté toute éthique pour retranscrire sans vergogne des événements malheureux toujours plus trash.
- La télévision qui fait de tragique faits divers un divertissement de masse.
- Le public moyen en mal d'hémoglobine, à la limite d'avoir un paquet de pop-corn devant son petit écran. Bien sûr, la communauté noire, on en a rien à foutre. Un noir de quartier populaire qui clamse, c'est trop commun mon bon monsieur ! *pointe de sarcasme*
- Et le monde de l'embauche où on demande à l'employé de faire abstraction de toute humanité au profit de l'enseigne.
Dans ce cas... Qui est le véritable monstre dans cette histoire ? L'humanité ou Lou qui ne fait finalement que répondre aux attentes de l'audimat ? Est-il dérangé ou sort-il juste de la morale sociale (tout du moins à la surface car la partie immergée de l'iceberg est tout autre) ? Une brebis qui n'est pas dans le troupeau est-elle une brebis égarée ? Vous avez 4 heures.
Pour un premier essai en tant que réalisateur, l'oeuvre de Dan Gilroy aura su me convaincre. Pas une pléthore d'acteurs, mais ils jouent tous biens (Gyllenhall en tête de gondole, même si il a tendance à légèrement surjoué), pas un budget pharaonique, mais des scènes efficaces, pas le film de l'année, mais un bon moment de cinéma sincère avec lui-même.
Mentions spéciales à la réalisation qui sans être folle arrive à rendre les rues de Los Angeles plus immenses qu'elles ne le sont déjà; ainsi qu'à la photographie granuleuse qui fait mouche.
Lumière et ombre, on nage ou on sombre ; dans la joie ou dans le sang...