Il ne faut pas oublier un élément fondamental lorsqu'on s'assoit dans la salle obscure avant de visionner Interstellar :iIl s'agit d'un film, et qui plus est, d'une superproduction hollywoodienne au budget colossal et non un exposé scientifique où Matthew McConaughey et Anne Hathaway nous expliqueraient l'avenir inévitable de l'humanité, avec cours sur la gravité, le voyage dans le temps, les trous noirs, etc.

Il ne faut pas oublier que toutes ces données scientifiques passent dans la moulinette cinématographique et que le but est de livrer à la fin un scénario avec des enjeux dramatiques, des émotions, des rebondissements et que ces données scientifiques ont été choisies car les créateurs du film ont pensé qu'il y avait là matière pour une bonne histoire, et c'est le cas.

Déjà, on ne peut reprocher au film son manque de cohérence, ce serait plutôt au contraire des ficelles de scénario trop évidentes, mais il est préférable d'avoir un tout cohérent et parfois trop appuyé qu'un bordel sans nom.

Il faut bien sûr aussi reconnaître l'ambition du film et c'est quelque chose qui parcourt tous les films de Nolan. Il est l'un des derniers à vouloir à tout prix réaliser des films basés sur l'illusion, des productions à grand spectacle et qui exige un effort de concentration du spectateur. Il ne s'agit pas pour lui d'enchaîner les séquences d'action avec la réplique qui tue du héros pour couronner le tout. Ce n'est pas non plus pour ça que ces longs métrages sont des traités de philosophie et qu'ils sont remplis de sens cachés. L'illusion, encore et toujours.

Interstellar c'est un long voyage dans l'espace pour, au fond, parler de l'Homme et de son instinct de survie, du pourquoi l'homme, plus que n'importe quelle autre espèce, peut remporter la partie et pourquoi c'est lui, et seulement lui, qui a les cartes en main, pas d'autres espèces et pas un dieu quelconque. Dans Interstellar, l'homme est sa propre divinité et ce qu'il considère comme divin n'est que son incompréhension d'un phénomène présent qui sera éclairci, compris et maîtrisé par ses semblables dans l'avenir. Interstellar croit donc dans l'évolution. L'homme n'est pas au bout de ses capacités, l'homme est un explorateur, un aventurier et il cherchera toujours à comprendre et à aller plus loin, c'est pour cela, nous dit le film, que nous nous en sortirons.

Interstellar est un film chevaleresque et ces explorateurs de l'espace sont des nouveaux Christophe Colomb. Il risque leur vie entière pour être les premiers, les pionniers, pour être aux premières loges des grands changements. Nolan fait donc appel aux grands sentiments : le sens du sacrifice, la bravoure, la combativité, ce sont de nobles guerriers prêts à aller jusqu'au bout.

Ce qui est dommage, c'est que Nolan ne souhaite pas réellement explorer de possibles nouveaux mondes, il ne désire pas nous présenter des lieux dont les caractéristiques nous surprendraient, car le voyage est davantage intérieur. Il y a donc une légère frustration de n'avoir vu qu'une partie du paysage présenté sur la brochure. De même, il n'était pas utile de faire participer Matt Damon à l'aventure. Non seulement il surjoue (comme beaucoup d'autres dans le film), mais en plus son personnage est caricatural au possible et un vrai frein à l'histoire principale.

On remercie Nolan de continuer à croire dans l'intelligence du spectateur, on le remercie aussi de continuer à explorer lui aussi des nouveaux territoires, mais on demanderait bien à la planète cinéma d'arrêter de la considérer comme un prodige, il est simplement beaucoup moins paresseux que la majorité de ses collègues d'Hollywood.
busterlewis
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le 11 nov. 2014

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