Interstellar, c'est avant tout une fantastique immersion. Certains plans sont tout simplement magnifiques. De même, l'OST (mais également le silence), sublime cette plongée intense dans cet univers chaotique. La beauté indéniable de ce film accroît toutefois ma déception quant au scénario.
En effet, si C. Nolan réalise ici selon moi son meilleur film, celui-ci retombe tout de même une nouvelle fois dans certains de ses travers...
Alors qu'Interstellar semble promouvoir en valeur fondamentale l'amour, à aucun moment la personnalité des personnages n'est véritablement approfondie. Seul, le personnage de Cooper (joué par un McConaughey grandiose) est véritablement développé. A l'inverse, les personnages féminins sont presque exclus du propos. La fille de Cooper, Murphy, aurait gagné à être davantage développée. Cette dernière semble n'être en réalité qu'une médiatrice de premier plan dans l'histoire de Cooper et non pas la finalité de son engagement (or, pour sauver le monde, il faut être un minimum motivé quand même...). Pire encore : Brand. Cette dernière est quasi-exclusivement définie par ses défauts : son amour à l'égard de son père l'a amené à participer aveuglément à une opération dont elle ignorait le véritable objectif et a également causé la mort d'un de ses coéquipiers sur la première planète. De même, son amour pour Edmunds (qui est sûrement mort d'ailleurs) l'amène à proposer une option déraisonnable à ses partenaires. Bref, s'agissant des personnages féminins, c'est un raté...
Pire encore : les dialogues ! Certaines répliques sont simplement en dessous de tout. Par exemple, "No parent should have to bury their child" (Murphy sur son lit de mort) : c'est exactement la même réplique que Theoden enterrant son fils adresse à Gandalf dans les Deux Tours... L'exclamation "Eurêka" par Murphy crée également un certain malaise...
Tout comme dans Inception, C. Nolan conserve ce (gros) défaut de vouloir absolument tout expliciter. Le film gagnerait de l'intérêt à mon sens en développant moins la scène dans le tesseract (parce qu'il faut avouer qu'à ce moment là, il nous prend un peu pour des assistés...). De même, les inquiétudes explicites de Cooper quant à la nature de la nouvelle société créée à la fin du film limite de façon dommageable la liberté du spectateur dans l'appréciation de la question de savoir s'il s'agit véritablement (ou non) d'une fin heureuse.
Pour autant, Interstellar reste un très bon film laissant place pendant quelques instants à des réflexions intéressantes (sur la question de savoir si la survie de l'espèce prime sur la préservation de la civilisation notamment). A défaut d'être un chef d'œuvre, Interstellar offre une expérience personnelle troublante et enrichissante.