Mon petit Christopher, j'ai peur peur a chaque fois que je vais voir tes films.
Parce-que tu es capable du meilleurs (Memento, Insomnia ) , du tiède (Inception, Le prestige ) et de l'abominable (la blague Batman, répétée trois fois, mon dieu).
Interstellar se cale dans la catégorie intermédiaire du tiède, du bien mais pas top. Des moment merveilleux, prenants, magnifiques, et d'autre d'une nullité abyssale. Vraiment Christopher, pourquoi ?
Le choix de Matthew McConaughey, déjà. Oh il fait le job pas de problème, mais la ou il excelle en pilote redneck avec sa paire de couilles grosses comme deux planètes, il se montre très limite pour les scènes d’émotions ( avec sa fille notamment ) ou son expression figée ne laisse rien passer. Ces scènes la auraient du être bouleversantes, elles deviennent anecdotiques. Bon ça ne gâche pas le film, c'est juste dommage.
Ensuite, tout le début du film est d'une belle lourdeur. Il fallait bien mettre en place l'univers, mais Chris, ton texan debilou pseudo rebelle qui instinctivement SAIT qu'il a quelque chose d'autre a vivre qu'une agonie apocalyptique parce-que c'est quand même lui le héros bordel, c'est un peu grossier, un peu facile. Merci au passage pour la laborieuse invitation a nous identifier a la famille disfonctionelle américaine moyenne. On voit bien pour qui le produit a été pensé.
Mention bien tout de même pour le reste de la petite famille, et pour le subplot du fantôme qui ne manque pas d'intriguer. Par contre on se demande un peu comment avec trois pâtés de poussière le héros en déduit des coordonnées en binaire - moui ok il était ingénieur / pilote dans son ancienne vie mais n'est ce pas un peu capillotracté ?
Une fois que le prétexte ( envoyer debilou dans l'espace pour sauver la race humaine) est pose , tu as le mérite d’enchaîner un peu plus vite. Peut être trop d'un coup même, mais franchement a ce moment du film on a hâte que ça avance un peu donc c'est bienvenu.
Allez parlons des effets spéciaux le très gros point positif du film : on en prend plein les mirettes, c'est beau, audacieux et original. Les représentations dans le trou noir sont un grand moment de cinéma, et on vit le voyage a 100 % la plupart du temps le souffle coupé. Les allées et venues entre les différentes planètes sont magistrales et prenantes. Bien joué Chris, et bravo pour l’identité visuelle des planètes pensées comme des pièges mortels. Même chose pour les robots, TARS et CASE au début leur design cubique non humanoïde interpelle, mais ça marche totalement. Leurs déplacements sont magnifiques et ultra malin. Bigre que j'aime ces robots. En plus ils sont de loin les personnages les plus intéressant du film, a la fois drôles, impertinents. Et très efficaces, au point qu'on se demande parfois pourquoi cette mission s’embarrasse d’éléments humains.
Ah oui la réponse est donnée dans le film: les robots improvisent mal, dixit un des pseudos génie perdu au fin fond d'une planète ultra hostile. Mouais. Sauf que quand on voit les conneries sans nom qu'accumulent nos chers maîtres de l' improvisation, on pense plus au Jamel Comedy club, qu'a un colloque du MIT.
Développons un peu en rappelant qu'il s'agit d'une mission visant a trouver une nouvelle planète pour assurer la survie de l’humanité. A priori on ne recruterait pas des branquignols, hein ?
Sauf que notre folle équipe sera composée de :
- Debilou, qui au final n'est pas le pire des couillons, même s'il a été plus ou moins recrute par hasard (" j'me souviens de vous, vous étiez le meilleurs, c'te chance que vous ayez trouvé notre base ultra secrète grâce a des tas de poussière, sinon on aurait jamais pensé a vous rappeler"). Il a tendance a s'engager pour des missions suicide sur un coup de tête, et a conduire des vaisseaux de la NASA d'une main pour faire marrer les copains.
- professeur Brand, alias " je cours dans l'eau pour récupérer cette boite noire, et tant pis si on perd 23 ans et un collègue au passage". Vraiment ? Non mais, tu le sais que ton pote le robot va 10 fois plus vite que toi, pourquoi tu lui refile pas le sale boulot ? Et pourquoi personne ne pense a regarder a 360 degrés histoire de vérifier que rien ne pourrait compromettre la mission, comme par exemple des vagues hautes de plusieurs kilomètres ?
- scientifique sans nom, qui ne sert qu'a mourir, mais du coup tout le monde s'en fout.
- scientifique Romilly. Le dépressif bipolaire de service qui flippe de se retrouver dans l'espace uniquement protégé de quelques centimètres de la coque, mais qui en revanche semble deja au courant que la mission ne prévoit pas de ticket retour, alors que bon c’était pas vraiment officiel. Logique mon pote, logique. Lui aussi ne sert pas a grand chose non plus, et meurt dans une relative indifférence. C'est aussi l'auteur de la brillante métaphore de l’huître sur laquelle je reviendrais.
Et pour finir, le merveilleux Matt Damon.
Oh oui Matt Damon, qui commençait si bien, en larme a sa sortie du caisson cryogénique. Mattou qui falsifie les donnes de sa planète pour qu'on vienne le sauver. Tres bien, tres juste. Parfait.
Mais qu'on m'explique ensuite pourquoi son personnage fait du n'importe quoi digne d'une bagarre de cours de recréation ? Ok le perso est lâche, ok il a voulu survivre. Quel est l’intérêt pour lui d'essayer de massacrer les autres scientifiques ? Il n'y en pas. Il pouvait se poser tranquilou et dire "bon les gars je vous ai bien eu mais heureusement on a assez de carburant pour tester la dernière planète" ( en espérant qu'on lui casse juste un peu la gueule certes). Il pouvait choisir 100 manières d'expliquer sa traîtrise, mais non il opte pour la solution la plus débile. Et c'est censé être un génie.
Voila, c'est donc sur cette touche assez navrante que les deux héros restants tentent de filer sur la dernière planète en coursant Mattou le fourbe qui essaye de leur piquer leur vaisseaux resté dans l'espace. Cette course poursuite est superbement réalisée, encore une fois, belle mise en scène, belle idée aussi bien que le tout soit assez indigeste. Ça dure, ça dure, et quand on sait d’où provient la situation, a savoir d'une accumulation de n’importe quoi, ça peut faire sortir du film...
Puis viens le grand moment de l’huître perlière. Revenons en arrière, un peu avant que nos joyeux drilles décident d’arrêter d'agir de manière logique et d'aller visiter la première planète. Nous avons droit a une discussion sibylline sur la nécessité d'aller se fourrer pile au centre du trou noir, afin de comprendre des tas de trucs, d'avoir accès a des donnes de foufou a se faire péter les manuels de physique quantique. Bref, aller la bas c'est le gros kiff mais c'est un peu dangereux parce-que bon, tu sais , c'est dans un trou noir.
Comment nous explique t'on cela ?
Le trou noir est une huître, son centre est sa perle.
Merci.
Ça ne veut rien dire.
On est dans un produit de divertissement, alors évidemment on n'attend pas qu'on se mette a nous expliquer le fondement de la physique quantique ( que je serais bien en peine de comprendre par ailleurs). Par contre en tant que spectateur Lambda, on est assez intelligent pour comprendre quand on nous baratine.
Non il n'y a pas de raison logique d'aller se fourrer la dedans, mais comme ça ouvre des possibilités scenaristiques, c'est un but a atteindre, et on peut tout a fait s'en accommoder. Mais quand le "truc" est visible, ça ne marche pas. Point.
Au final Debilou finit par se retrouver plus ou moins volontairement a l’intérieur de la perle, et ... c'est pas mal du tout. Sûrement le meilleurs moment du film, a la fois scenaristiquement et visuellement.
Ce film me pose donc problème, il a son lot de n’importe quoi et pourtant, il vaut le coup d’être vu.
Christopher, pourquoi ? Pourquoi ?