Quand l'homme qui ressucita Batman donne un uppercut Kubriquien

Critique Mise à jour le 29 Novembre 2015. Il s'agit de ma première critique sur Sens Critique

En 1968 est paru 2001 l'Odyssée de l'espace un film culte de Stanley Kubrik qui est entré dans la culture comme étant l'un des films plus cultes sur la conquête spatiale dans le sens large. En 2014, Christopher Nolan au sortir de la trilogie du Dark Knight a décidé de réaliser un des projets de Steven Spielberg, à savoir Interstellar. Le résultat est plus qu'impressionnant

Une grande odyssée signée Nolan.

Interstellar est un film qui m’a mis K.O. Franchement, il vaut vraiment le coup. Ecrit et réalisé par Christopher Nolan avec son frère, je ne sais pas par où commencer. La réalisation est géniale, voir grandiose dans les plans dans l’espace et par une mise en scène intelligente sous forme de docu fiction surtout au début et à la fin. Et c’est là que ça coince un peu. On voit l’effort fourni par Nolan pour nous offrir une vision réaliste de l’espace. Un effort qui aurait été minime avec la conversion 3D et la performance capture. Mais on dirait qu’il a une aversion pour la 3D et ça se voit à l’écran. La seule exception est en faite le trou noir, bien modélisé. Autre chose qui coince, le jargon scientifique. Paradoxalement, on sent beaucoup de recherche et d’explication sur l’astrophysique, la mécanique de l’espace et la mécanique quantique. Quand on est habitué, on peut comprendre la majeure partie mais on peut vraiment sortir du film. Néanmoins, cela est nécessaire à comprendre la bonne marche du film, surtout pour comprendre le paradoxe temporel et l’évolution des personnages en parallèle avec l’expédition (ceux qui sont restés sur Terre vieillissent plus rapidement que ceux qui sont dans l’expédition).

Un film qui fourmille de Stars

Parmi les acteurs, on a beaucoup de stars et qui sont tous bien exploités.

Joseph Cooper (Matthew McConaughey) est le héro du film. Ancien ingénieur devenu agriculteur, suite à la raréfaction des ressources. Il est motivé en grande partie pour sa volonté d'assurer un avenir meilleur à sa famille et à l'humanité entière. Un choix qu'ils lui ont reproché au début mais qui finissent par accepter. Il est la figure du pionnier dans toutes ses caractéristiques : optimiste, survivant, toujours à ne pas se laissez abattre, son revirement est incroyable.

Murphy Cooper (Mackenzie Foy, Jessica Chastain et Ellen Burstyn ) est l'héroïne principale de la partie "Terre". En effet, jeune, elle est motivée par le but de vouloir retrouver son père. Je pense qu'il s'agit d'un bon personnage témoin de l'évolution du film et de la relativité générale. Personnage témoin et vraiment débrouillarde au début, elle deviendra une bonne scientifique et aidera son père quand il le faudra grâce à détermination sans faille.

Amelia Brand (Anne Hattaway) est la scientifique responsable du projet de colonisation d'une autre planète. Au début elle parait être une personne rationnelle et en plein milieu du film, elle semble écoutée son cœur. C'est assez bizarre comme inconsistance, même si c'est pour éviter d'avoir recourt au plan B.

Le professeur John Brand (Michael Caine) est le père d'Amelia et l'initiateur du projet. Bien qu'il soit la figure apparente du professeur, il garde un secret bien enfouit qui le hantera et un mensonge, plaçant Murphy dans une situation désespérée.

Sinon, les autres personnages sont assez secondaires à l'intrigue. Bien sûr on a le frère Tom Cooper (Casey Afflek/Timothée Chalamet ) qui est la figure du membre résigné de la famille, qui par désespoir va commettre l'irréparable. Le grand père Donald (John Lithgow ) qui est... le grand père. et d'autres personnages plus secondaires mais utile dans la narration :
Dr Getty (Topher Grace) qui est le petit ami de Murphy, Romilly (David Gyasi ), le 3e membre de l'équipage ainsi des caméo comme Wes Bentley d'Hunger Games, David Oyeolo de la Planète des singes et William Devane.

2014 l'Odyssée du Succès

L’histoire est en apparence simple mais est beaucoup plus complexe que cela et ne prend son sens que vers la fin. Le film est plus fouillé qu’il n’y parait et dresse un portrait assez noir mais tellement proche de l’humanité. A bien des égards, le film me fait un peu penser à Wall-E dans sa vision du futur (à plusieurs autres films certes mais je le trouve plus proche de Wall-E). En effet, à plusieurs moments les personnages doivent faire le choix entre se contenter de survivre et de se résigner, de trouver un moyen de sauver l’humanité quitte à se transformer en monstre ou mentir Il y a plusieurs symboliques notamment au niveau des planètes. La première planète est une planète océan (car l’eau est source de vie), ce qui renvoie à l’état second de la Terre. La seconde planète est une planète remplie de glace, faisant référence à l’ère glaciaire, et la dernière est une planète tellurique comme la Terre mais plus ou moins inhospitalière.

Enfin, beaucoup de choses inexpliquées du scénario interviennent.

Le Happy End est assez bienvenu car il surfe sur cette notion d’espoir qui est le message du film. Beaucoup ont reproché le fait que le film soit trop long et l'aspect limite onirique de la singularité. Dans les 2 cas, c'étaient voulus. Une odyssée est obligatoirement longue afin d’immergé le spectateur dans l'immensité de l'espace et le réalisateur a joué sur le fait que se que l'on sait de la singularité était hypothétique afin de laisser libre court à sa créativité pour montrer se qui pourrait s'y passer, sans pour autant être trop dépaysant. Et il y arrive !

Très bon film post Dark Knight

Bref, un film qui est un vrai uppercut dans son traitement et bien plus ambitieux qu’il n’y parait. C’est aussi une bonne représentation de l’espace avec l’utilisation des univers parallèles et des théories physiques récentes. On sent que depuis Inception, Nolan est amoureux de films aux scénarios complexes pouvant comporter plusieurs niveaux de lectures et nous livre ici un film à l'ambiance très Kubriquienne.

Version fun de la critique ici