Six ans après sa sortie, vous pourriez légitimement vous demander l’intérêt de ressortir une critique sur ce film tant analysé et discuté. Outre le fait qu’il s’agisse là de l’un de mes films favoris et rien que cette raison pourrait justifier l’écriture d’une critique, le fait de l’avoir revu au cinéma provoque en moi une folle envie d’en parler une énième fois, mais cette fois avec vous. Et puis je me suis posé cette question ma foi légitime : pourquoi la plupart des cinémas parisiens et des grandes villes françaises se sont empressés de ressortir, à la suite du déconfinement et de la réouverture des salles de cinéma, les films de Christopher Nolan avec en première ligne Interstellar ? Une réponse simple pourrait être qu’il est parfaitement adapté à un visionnage dans une salle IMAX mais cela ne saurait être la seule raison, sinon nous aurions déjà également eu droit au retour d’Avatar, d’Alita ou de Fury Road, pour ne citer qu’eux.


Sans que cela ne soit une révélation, tant je l’ai écouté durant mon temps libre ces dernières années, le visionnage en IMAX m’a rappelé à quel point la bande-originale d’Interstellar est sublime. La meilleure d’Hans Zimmer ? Difficile de juger et puis cela ne dépend que des goûts de chacun, en revanche il s’agit bien de ma préférée du compositeur dont l’association depuis presque deux décennies à Christophe Nolan nous a offert certaines des plus belles partitions du cinéma. De là à vous avouer que je like volontiers les commentaires YouTube ou Twitter déclarant « NOLAN + ZIMMER = MASTERPIECE », il n’y a qu’un pas. Il est difficile pour moi d’admettre que Nolan a demandé spécifiquement pour ce film de réaliser une BO sans préalablement parler du thème du film à Zimmer, pourtant c’est bien le cas… il lui a juste dit que le film traiterait d’une relation Père-Fille. Et c’est bien de cela qu’il s’agit.


Quoi de mieux que de traiter de la relation entre un parent et son enfant dans une odyssée bien plus large et complexe qu’à l’accoutumée : l’espace. Star Wars aussi a fait cela. Mais Nolan traite cela d’une façon bien différente et surtout encore plus déchirante : la gravité autour du trou noir Gargantua et donc la relativité restreinte ne fait pas passer le temps à la même vitesse selon la localisation des personnages. Le voyage de Cooper est une course contre la montre afin de trouver une planète viable et retourner sur Terre le plus vite possible, à savoir avant la disparition de l’humanité et par conséquent, de sa fille. Cela en fait l’un des films les plus émouvants que j’ai vu de ma vie et nombreuses scènes font partie de mes favorites tous films confondus : entre la scène des 23 années de messages, le départ de Cooper ou les retrouvailles à la fin du film, difficile de ne pas verser sa petite larme.


Le film ne serait pas aussi puissant s’il n’était pas aussi beau. Il est ardu de choisir une seule image pour corroborer ce que j’entends par beauté, tant chaque plan / scène est sublime. Entre les scènes lors de la tempête de sable, celles dans l’espace ou même celles à l’intérieur du trou noir dans le tesseract, il y en a pléthore. La réalisation est vraiment fantastique et je ne boude pas mon plaisir à chaque fois. Il est évident que je ne peux que vous conseiller de le voir en IMAX si vous avez l’occasion en cette période de déconfinement, vous ne serez pas déçu.


Pas besoin de le revoir en IMAX en revanche pour comprendre à quel point ce film est intelligent. Intelligent dans le traitement des personnages et de l’émotion, certes, mais également scientifiquement parlant. Nolan est un réalisateur qui comprend ce dont il parle et il comprend la science, du moins les sujets scientifiques présents dans ses films. Pas de son dans l’espace ; une gravité si puissante qu’elle cause des marées gigantesques ; une relativité restreinte bien traitée et suffisamment vulgarisée pour qu’elle en devienne simple mais vraie. Kip Thorne, brillant scientifique et spécialiste de la relativité restreinte d’Einstein a pu modéliser un trou noir grâce aux ordinateurs derniers cris fournis par les équipes de Nolan. Il a pu en ressortir une découverte de ce film, c’est fort ! Alors certes tout n’est pas parfait scientifiquement parlant, que ce soit le nuage de glace ou la distance de la planète Miller du trou noir (elle devrait être plus proche du trou noir pour créer une telle différence temporelle), mais c’est assumé par Nolan afin de créer quelque chose d’émotionnellement fort. Le moins que l’on puisse dire, c’est que c’est réussi.


Interstellar, c’est un peu comme du bon vin. Avec le temps le film ne fait que s’améliorer tant il est riche. Difficile de s’améliorer quand on est déjà tout en haut de l’échelle me diriez-vous et pourtant c’est possible. La puissance de certaines répliques ("Non ce n’est pas possible, c’est nécessaire") et l’humour bien placé sont les petites cerises sur le gâteau qui rendent le tout d’un goût absolument exquis.


Ce film nous apporte une expérience cinématographique unique. C’est le Cinéma avec un grand C. Six ans après sa sortie, il fait déjà figure de film culte pour toute une génération. Quatrième film préféré des utilisateurs de Sens Critique, il est fréquent de voir ce film cité dans les sondages sur les réseaux sociaux comme étant le film préféré des utilisateurs. A vrai dire, ce n’est pas étonnant que ce soit Interstellar qui ressorte au cinéma : il est maintenant passé au-delà de toute notion de temps, il est déjà au panthéon des films cultes.

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le 30 juin 2020

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MatthieuS

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