Alex en a marre du monde, de la société, de ses parents, de sa vie. Il détruit ses papiers, liquide ses économies en faisant un don et s'enfuit avec sa vieille voiture dans le désert. Puis il se met à marcher, rencontre des gens, change leur vie et finit par aller s'isoler dans le grand nord, en Alaska, où il survivra quelque temps avant de mourir connement en bouffant un truc qu'il n'aurait pas dû. Et Sean Penn de nous signer son plus mauvais film.

Succession de rencontres où, en deux temps trois mouvements, Alex bouleverse des vies entières, et de scènes "roadmovie" qui semblent tout droit sorties de publicités Ushuaia, le film ne sait jamais sur quel pied danser et enchaîne les mauvaises idées les unes après les autres. Alors bien sur, on pourra toujours rétorquer qu'il s'agit d'une histoire vraie, bla bla bla, mais Penn semble être vraiment constamment à côté de la plaque en déployant une batterie d'effets tous plus laids les uns que les autres (les ralentis à gogo, les flashs pourris sur le camp de hippies, les distorsions de la fin), icônisant son héros et soulignant tout et n'importe quoi jusqu'à l'écoeurement. Le personnage réel qui se cache derrière ce clip de mauvais goût finit par disparaître derrière ce gâchis visuel et toute la sincérité qu'il pouvait y avoir dans son combat, dans son voyage, se retrouve englué dans une naïveté de pacotille et dans une succession de relations complètement désincarnées (entre les hippies qui se réconcilient totalement, même pas 24h après avoir rencontré Alex, la jeune fille qui a juste envie de tirer son coup et le vieux cliché des européens libertins... je veux bien croire que tout cela se soit passé... mais Penn choisit un angle d'attaque qui fait tout sauf mettre en valeur la richesse de ces rencontres et les réduits à peau de chagrin en privilégiant des aspects excessivement niais). Ce n'est d'ailleurs pas plus réjouissant de voir de quelle manière il traite toute l'histoire avec la famille, dans une succession de flashbacks vidéos foireux appelant un peu le cliché à 2 centimes du film de genre (façon Silent Hill et ses 25 minutes de flashback vidéos tout pourri) pour délivrer un discours fatiguant sur ces méchants parents pourris par l'argent et les relations.

Certes, tout n'est pas raté et j'ai ainsi pu apprécier la seule rencontre qui m'ai semblé bien présentée, celle avec le vieil homme (formidable Hal Holbrook, très touchant) où enfin j'ai eu le sentiment qu'il y avait quelque chose d'authentique, de véritable, où une vie était effectivement bouleversée par cette rencontre. Mais dans l'ensemble, et malgré le fait que je ne m'y sois jamais ennuyé, Into the Wild ne m'a pas passionné pour un sou. Parce que malgré l'apparente importance des rencontres et la nécessité de ce voyage pour Alex, se farcir 2h30 de film pour s'entendre dire que ce qui importe c'est que le bonheur doit être partagé, ça va, c'est mignon, mais ça va. D'autant plus pénible que Penn s'attarde bien sur les derniers instants de son héros agonisant, dans une succession d'images de mauvais goût et d'effets indigestes. On pourra toujours se consoler en appréciant les quelques jolies chansons de Eddie Vedder, qui auront eu le mérite de me donner envie de découvrir cet artiste.

Une bonne grosse déception donc (même si je ne me faisais pas trop d'idées, le film ne m'attirait pas outre-mesure et la bande-annonce m'avait laissé l'oeil indifférent) qui me fait espérer que Penn retrouvera tout le talent et l'intelligence qu'il avait eu sur The Pledge pour réaliser un prochain film moins neuneu et sur esthétisé à l'écœurement que ce qu'il a fait ici.
Colqhoun
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le 6 août 2010

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Colqhoun

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