Afin d'attirer la curiosité des lecteurs sur ma critique, qu'ils l'aiment ou qu'ils ne l'aiment pas (et oui je suis a la recherche d'une certaine «reconnaissance d'autrui» non pas comme Alexander supertramp), je commence par ce que je reproche à cette belle œuvre de Sean Penn.
Je me souviens que ce film a été une réelle bible pour beaucoup de jeunes de ma génération, d'un point de vue philosophique et humain. Tout le monde postait une image sur les réseaux sociaux de ce jeune homme un peu sale mais sans complexes, le livre de London à la main, sans recherche de reconnaissance, juste à la recherche de poésie et de sens à sa vie.
J'ai entendu ces jeunes dire «je ferai comme le mec de Into the wild plus tard». D'après ce qui ressort du film de Sean Penn, on peut y voir un jeune, incompris de son entourage, en recherche de sens et en rébellion contre notre société de consommation.
Je comprends tout à fait ce sentiment de solitude et cette impression de ne pas savoir où est sa place, mais je n'adhère pas à l'universalité du message. Alexander Supertramp est montré comme une divination, le Christ réincarné.. Partout où il passe, il amène joie, tristesse et nostalgie, je le compare même au personnage du film «Théorème» de Pasolini mais de façon bien moins authentique et poétique.
Par exemple, lors de la discrète intervention de la belle Kristen Stewart, cette dernière tombe sous le charme du jeune globe trotteur. La jeune texane, ayant sûrement longuement cogité et surpassé ses peurs de la « première fois », s'ouvre à lui avec délicatesse mais notre personnage, qui depuis le début n'est que douceur et divinité, ne pourrait «déflorer» une jeune fille de 16 ans, ça serait contradictoire avec cette belle image toute fraîchement construite. Il lui propose plutôt de faire un duo musical sur scène... Dommage !!!Il aurait pu remplacer le futur bouseux du coin qui, quelques années plus tard, lui prendra sa virginité et lui laissera peut-être un souvenir bien moins magique et poétique! Cette scène montre parfaitement pour moi cet aspect bien trop parfait du personnage qui le rend presque ridicule.


Je ne peux nier la beauté de ce film qui laisse rêveur, et donne des pulsions de voyages et des envies de tout laisser tomber.. Le tout accompagné sur du Vedder, l'hypnose est réussi, on se laisse transporter dans Into the wild. Mais je dois ajouter que ce film donne l'impression que ce périple est le sens de la vie, que Alexander a trouvé la «vérité» mais au bout du compte, qu'il n'était pas une divinité mais un simple jeune homme intelligent, paumé et autodestructeur. Un jeune homme qui devait éprouver un grand sentiment de solitude et qui est parti en quête de lui-même de façon extrême(d'où sa mort).
Mais il n'y a pas plus de vérité ou de respect à avoir envers lui qu'envers un autre adolescent se détruisant avec l'aide des artifices de notre société occidentale (la drogue ou autres addictions). Pourtant, tout comme Alexander, ils recherchent un sens à leur vie mais cela paraît moins poétique, moins esthétique et surtout beaucoup plus dérangeant.
Ce type de quête n'est pas universel, contrairement aux critiques que j'ai pu lire et des échos que j'ai pu avoir sur ce film.
Je ressens comme une maladresse dans l’interprétation du message que laisse paraître ce film. De façon paradoxale des jeunes, ayant dit quelques années auparavant que leur Idéal était Alexander Supertramp, que son périple était pour eux source de vérité, d'enrichissement personnel, se retrouvent comme Alexander fraîchement diplômés. Ils partent alors avec l'idée de faire leur propre « Into the wild », mais cette authenticité que nous montre Alexander n’existe plus, ces jeunes ne sont plus toujours en rébellion avec le système et parfois même l'encourage, inconsciemment pour la plupart, à travers les réseaux sociaux tels que facebook, instagram ou twitter. Toute poésie a disparu pour laisser place au paraître qui n'est même pas réel mais virtuel, nous obligeant à montrer à quel point cette expérience à l’étranger nous enrichit.
L' indifférence au regard moral d'autrui et de la société est pour moi ce qui rend Alexander Supertramp authentique et touchant.

Luc_Boulard
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le 27 juil. 2016

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Luc Boulard

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